HRÉSRTE SE — 18 — voudrait enseigner » (1). « Avant que la foi fût venue ‘en Allemagne, en Espagne, en Angleterre, écrit un mission- naire jésuite, les peuples de ces contrées n'étaient pas plus polis. L'esprit ne manque pas aux sauvages du Canada, mais seulement l’éducation et l'instruction... ils ont plus d'esprit que nos paysans ordinaires » (2). De son côté, Marc Lescarbot, bien placé pour les juger, ne craint pas d'écrire : « C’est à grand tort qu'on dit d'eux que ce sont des bestes, gens cruels et sans raison: ils parlent avec beaucoup de jugement. » (3). Le chef des Souriquois nous est dépeint « spirituel, grand et magnanime » (4), aussi devons-nous conclure avec un grand historien canadien, que « rien n'autorise donc à croire que les facultés intellectuelles des sauvages fussent inférieures » (5). La langue de ces sauvages se ressentait de leur nature primitive, uniquement attentive aux choses sensibles : les mots abstraits manquent, mais les mots concrets abondent «entre lesquels il y en a de si riches qu’un seul peut signifier autant que quatre des nôtres » ; aussi le français trouvait-il cette langue « plus féconde et plus nombreuse » (6) que la sienne. Ce langage, d'ordinaire fleuri et imagé, tissu de _ métaphores et de comparaisons, faisait les délices des colons un tant soit peu instruits. Les indigènes pourtant ne connais- saient pas l'écriture ; en cas de besoin, ils se servaient de figures « hiéroglÿphiques grossièrement tracées » (7). Ces caractères reflétaient fidèlement la nature poétique et imagée (1) Sagard. II, p. 368. (2) Rel. des jésuites, 1632, p. 6. (3) Lescarbot. Hist. N. F., p. 8. (4) Bourgoing, p. 18. (5) Garneau. I, p. 144. (6) Sagard. II, p. 337. (7) Garneau. I, p. 141.