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Cependant, les désaccords entre le jeune Biencourt et les missionnaires devenaient plus alarmants pour le bien de la colonie. Pour éviter ces conflits, Madame de Guercheville, peut-être un peu trop zélée, fit jeter en 1613 les bases d'une nouvelle colonie, en face de Port-Royal, à Saint-Sauveur. A peine les missionnaires y étaient-ils installés avec quelques colons et les néophytes indiens, que les Anglais, conduits
par Argall, détruisaient leur établissement et celui de Port-_
Royal, et emmenaient prisonniers les deux missionnaires qui
furent peu après rendus à la France. A l’arrivée des Anglais,
les colons se cachèrent dans les bois pour éviter la mort. Officiellement pourtant, la tentative de colonisation avait échoué. Mais si cette destruction de la colonie laissait « cette Nouvelle France en friche » (1) avec « deux alogements tous vuides » (2), l'expédition rapporta cependant à la France plus d’un avantage : d’une part des liaisons amicales s'étaient solidement établies entre Français et Indiens, et d'autre part l'obstacle créé par la différence des langues tombait, car les colons, les missionnaires et nombre d’Indiens possédaient convenablement les deux langues ; le Français s’en retournait donc connaissant la langue, « le naturel de ces terres et païs, la disposition des habitants » (3) et la « topographie et description des mers, caps et rivières » (4).
IV. — Les Récollets en Acadie (1618-1628)
De 1613 à 1632, des aventuriers français et anglais se disputèrent l’Acadie : les rois des deux nations multiplièrent
(1) Relation du P. Biard, p. 311. (2) Relation du P. Biard, p. 36. (3) Relation du P. Biard, p. 305. (4) Relation du P. Biard, p. 36.