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faire plus de bien : ils n’y restèrent que peu de temps et
gagnèrent Québec. Les Récollets continuèrent près des Indiens le travail des pères jésuites. C’est à ces missionnaires et aux
Jésuites que nous devons, outre de nombreux ouvrages sur la’ langue indienne, les principales sources de l’histoire d’Amé-
rique. Pendant les longs et rudes hivers, « l'encre se glaçait
et les doigts perdaient tout sentiment » (1) ; parfois même
les Pères se virent obligés de composer leur encre avec de
l'eau et de la suie. Ils restaient quand même fidèles à leur mission ; obligés d'entendre ces « discours puant comme des
cloaques », de supporter « le froid, la chaleur, la fumée » (2), ils trouvaient dans leur foi la force d'écrire à leur supérieur: « Nous mourrons, nous serons captifs, torturés, brûlés ; qu’il
en soit ainsi » (3), et leur plume, trahissant leur gaîté fran-
çaise, semblait narguer la misère : « Bien que mon lit n'eût
pas été fait depuis la création du monde ». écrit l’un de ces
pionniers, habitué à coucher à la belle étoile, « il n’est pas
assez dur pour m'empêcher de dormir » (4).
L'influence d’une vie toute d’abnégation et de dévoue- ment eut encore « cette utilité de rattacher à la civilisation les Français dispersés dans ces solitudes » (5). Même des écri- vains d'autre langue et d’autre foi rendent « ce tribut inté- ressant à ces pionniers spirituels » que, sans eux, le Français abandonné. en Acadie par ses chefs « n'aurait jamais quitté ses habitudes d'indien et retourné à la civilisation » (6).
(1) Parkman. The jesuits.. p. 12. 5 (2) Parkman. The jesuits… p. 23 et 20. ;
(3) Parkman (1), p. 247. (4) Parkman. (1), p. 17.
(5) Rameau. Une colonie féodale, I, p. 74.
(6) Finley, p. 25.
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