0 ie année. Razilly se hâta d’y ramener quelques colons de Port- Royal, restes de la première fondation : il dressa avec eux un fortin en bois qui devait servir de résidence. C’est là que les pères capucins construisirent leur modeste demeure, nommée Notre-Dame de Grâce en souvenir de la date du débarquement. Cette fondation à La Hève devant être per- manente, les missionnaires, fidèles aux instructions reçues de Richelieu, se hâtèrent d’y assurer le service religieux pour les Français et de « se dévouer à l'instruction des enfants indigènes » (1). Les difficultés presque insurmontables, qui avaient paralysé en partie le ministère des premiers apôtres acadiens, diminuaient considérablement en raison des circons- tances nouvelles. Les pères ignoraient la langue indienne, mais ils pouvaient utiliser les travaux écrits de leurs devan- ciers. Bien mieux, ils disposaient de nombreux interprètes : les Français de Port-Royal, habitués à vivre avec les sauvages, en connaissaient la langue à fond ; plusieurs de ces derniers, amis des Français, les suivirent probablement à La Hève, et leur caractère s'était déjà un peu adouci au contact de la civilisation européenne. Mais « grand fut l'étonnement des Indiens en voyant débarquer des frères mendiants dans leur costume de gros drap brun, avec la cordelière nouée autour _de la taille, le capuchon pointu et les pieds nus dans des sandales à fortes semelles de bois » (2).
La colonie de Pontrincourt, composée uniquement . d'hommes adultes, n’offrait aucun élément pour une école de blancs ; mais, à La Hève, quelques tenanciers avaient « amené leurs femmes et leurs enfants » (3). Ceux-ci purent donc
(1) Candide, p. 9.
(2) Parkman, p. 328. (3) Lauvrière. I, p. 62.