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_appert des lettres patentes du roi de France datées de février 1647 : « Nous sommes informé, écrit le jeune Louis XIV, que le sieur d'Aulnay a érigé un séminaire dirigé par plusieurs capucins pour l'instruction des enfants sauvages » (1). Il semble bien que les missionnaires eussent été heureux d’alléger les dépenses que leur protecteur était forcé de faire pour la colonie. Or, ils avaient à la cour un puissant inter- cesseur, Joseph de Tremblay, célèbre capucin, surnommé « l'Éminence Grise », qui cumulait les fonctions de conseiller du cardinal ministre et de préfet des missions d’Acadie. On comprend qu'il s'intéressa fort aux travaux et au succès de ses frères à Port-Royal. « 11 tenait surtout à l’évangélisation par les enfants, et, dès 1632, il ordonnait aux six premiers missionnaires de se dévouer à l'instruction des indigènes » (2). C'est vraisemblablement son influence qui décida de la généreuse intervention de Richelieu en faveur des pères capucins d’Acadie.
Par une lettre du 13 janvier 1640, le Cardinal, « en considération . des peines, périlz et travaux et continuelz services qu'ont rendu et rendent journellement, à la recom- mandation de son Éminence, les Pères Capucins aux colonies de la Nouvelle France... et affin de leur donner plus de moyen de continuer à l'avenir ce saint service et entretenir plus facilement les séminaires qui seront établis, pour la nourriture, instruction et entretenement des enfants des sauvages du dict païs soubz la conduite des ditz Pères Capucins, a par ces présentes déclaré que par donation irrévocable faite entre vifs en la meilleure forme que faire se
(1) « L’Acadie et ses missionnaires », p. 23. (2) Candide, p. 9.