LT — d'hommes et l’autre de femmes » (1). En effet, « tout près du fort, sur ces champs communs qu’on réservait aux utilités publiques, il y avait, non pas une, mais deux écoles ou sémi- naires, formant une corporation légale. L'administration financière était aux mains d’un curateur et la direction en était confiée aux missionnaires » (2). Dans l’une de ces écoles, les religieux instruisaient les enfants des colons et des indigènes, tandis que l’autre était réservée aux jeunes filles du pays, y compris celles du gou- verneur. Madame de Brice, noble dame d'Auxerre, gouver- nante des enfants d’Aulnay, dirigeait les études des jeunes filles. Un témoin oculaire, le Père Ignace, nous en a laissé le portrait. C’est une femme « d'une piété insigne, et remarquable par son zèle, sa prudence et ses autres vertus » (3). Ne soyons pas surpris de voir cette dame distinguée se consacrer à la tâche si pénible de la formation de ces indigènes. Elle compte parmi ces héroïnes qui ont tant fait pour notre pays : rivale dans l’abnégation de Marguerite Bourgeois, de Madame de la Pelleterie et de Jeanne Mance, elle joue en Acadie le même rôle que ses sœurs de dévouement au Canada français. D’au- tant plus attachée au pays qu’elle y avait deux de ses fils missionnaires, «elle se consacra elle-même à l'éducation des filles indigènes et il ne fallut rien moins que la force brutale pour l'arracher à ce glorieux apostolat » (4). La date de la fondation ainsi que le nom de la première directrice de cette école nous sont inconnus. Mais un rapport du Père Pacifique de Provins, visiteur de la mission, nous apprend que Madame (1) Bibl. Nat. Man. fr. Nouv. Acq. os, f. 142. - @YyL Écho dé Saint- -François, 1914, p. 241. (3) Arch. de la Prop. à Rome, Scritture Antiche, vol. 260. (4) Candide, p. 10.