Che Le En effet, dans une lettre, citée dans un mandement épiscopal de 1685 (1), l'abbé Petit, curé de Port-Royal, nous dit : « Jay auprès de moy un homme qui à de la vertu et du talent pour l'instruction de la jeunesse : il fait avec fruit les petites écoles aux garçons dans la maison où je le tiens avec moi ». Qui était cet instituteur ? Sans doute, un élève des pères capucins, désireux de transmettre à la nouvelle génération, le précieux héritage de l'instruction. Depuis combien de temps cet homme « faisait-il les petites écoles » ? Continuant la tradition de ses maîtres, réunissait-il les jeunes Acadiens et les indigènes comme l'avaient fait les pères capucins ? Autant de questions auxquelles, faute de docu- ments précis, on ne peut répondre que par des conjectures. Ce que nous pouvons affirmer avec certitude, c’est que les Acadiens restèrent fidèles aux enseignements de leurs mis- sionnaires : ce même curé de Port-Royal constate, en effet, que leur conduite est irréprochable, bien qu'ils eussent été « depuis seize ans sous la domination anglaise » (2). Remar- quons ici, que le grand vicaire Petit devint curé de Port- Royal dès 1670 et qu’il ne dut pas tarder, avec son insti- tuteur, à rouvrir, — si réellement elles avaient été fermées, — les écoles de la paroisse. Rameau parlant des Acadiens de « cette période laborieuse » (1655-1670), nous dit « que la tradition chrétienne et l’enseignement religieux leur conser- vaient une certaine élévation d'esprit et de sentiment : dans le dénûment physique, ils maintenaient chez eux la dignité acquise de l’homme civilisé, l'instinct du progrès et le germe profond de l'avenir. Or, c’est un grand point d'obtenir un tel (1) Mandements des évêques de Québec, vol. I, p. 219. (2) Mandements des évêques de Québec, I, p. 219. 2 ait DE EU Ex