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Pendant que les troupes anglaises avancent pour mettre de nouveau l’Acadie à feu et à sang, ce nous est un plaisir d'enregistrer une dernière démarche de l’évêque de Québec, en vue d'obtenir des sœurs pour le couvent de Port-Royal. Le saint prélat, si dévoué aux intérêts acadiens, voulait là une communauté de religieuses qui pût se recruter sur place et fournir ainsi des maîtresses d'écoles à l’Acadie. La sœur Chausson, sans doute, n'avait pas reçu de compagnes de France : aussi Monseigneur de Saint-Vallier frappa encore à la porte de la Congrégation de Notre-Dame. La sœur Charly, supérieure, refusa, alléguant qu’il lui était impossible d'envoyer des religieuses dans ces terres lointaines, tant que le sort de l’Acadie resterait si incertain ; un sentiment de tristesse et de déception perce dans la réponse de l’évêque : « Quand je vous ai proposé une mission de vos sœurs en Acadie, je n’ai pas prétendu que ce fût pendant la guerre » (1).
II. — L'Acadie française sous le réfime anglais A713-1755)
Port-Royal, attaqué à deux nouvelles reprises, en 1704 et en 1707, succomba définitivement en 1710. Par le traité d’Utrecht en1713, ces braves Français cessaient d’être en quel- que sorte des otages, placés presque sans défense dans cette lointaine Amérique, à la disposition des colonies anglaises mieux défendues et plus nombreuses, et devenaient des sujets britanniques : officiellement, leur séparation d'avec la France était complète. La malheureuse Acadie, si souvent victime de traités intentionnellement mal rédigés, se voyait de nouveau
(1) Arch. de la Cong. N.-D. S. Vallier à la supérieure, 25 Avril 1710.