LEE le rôle délicat de curé de Port-Royal, capitale anglaise de la Nouvelle-Écosse. Envoyé, en 1720, par ses supérieurs au Cap Breton, avec ordre d’y fonder un séminaire (1), il dut aban- donner ce projet, car l’île était encore très peu peuplée. Nous le retrouvons à Beaubassin en 1723, puis à Port-Royal en 1724. « Ce grand missionnaire ne s’intéressait pas seule- ment au bien spirituel des Acadiens, il avait aussi à cœur
leur intérêt temporel. Que de services ne leur rendit-il pas de
toutes manières mais surtout pour l'éducation de la jeunesse ». Et le même historien spécifie « qu'en s'appliquant au progrès de l'éducation, l'abbé de Breslay ne faisait que suivre les
pressantes recommandations de l’évêque de Québec » (2).
Son dévouement aux Acadiens devait contribuer à lui attirer les attaques du gouverneur Armstrong ; traqué, espion- né, il resta fidèle à son poste. Les calomnies incessantes dont il fut victime trompèrent jusqu’à Mgr. Dosquet, qui le rappela en 1730. Mais Philipp, le chef d’Armstrong, réhabilita la mémoire du missionnaire, déclarant qu'il avait toujours agi « comme un homme de son ministère doit le faire » (3). Double raison pour citer ces paroles de Philipp : de tant de missionnaires calomniés en Acadie à cette époque, Breslay a été peut-être le seul qui ait été justifié dans la suite ; et nous saisissons avec empressement l’occasion de rendre hommage à l’acte de stricte justice d’un gouverneur anglais à l'égard des missionnaires, fait que l'historien aimerait à enregistrer plus souvent. L'école de Port-Royal, malgré les tracasseries, résista vraisemblablement jusqu’à la dispersion des Aca-
(1) L’Acadie, ses missionnaires, p. 42. (2) Casgrain (2), p. 223 et 319. (3) Casgrain, (2), p. 332,