Se 04 avant toute chose qu’il fallait les détacher de leurs mission- naires et les accoutumer insensiblement à vivre avec les Anglais. Dans ce dessein, il envoya à l'entrée du Kinibiqui le plus hahile des maïstres de Boston pour y tenir une école, et comme il savait que ces peuples sont infiniment sensibles aux amiliés qu'on fait à leurs enfants, il donna ordre à cet instituteur de nourrir ces petits disciples aux frais du gouver- nement, et lui assigna à cet effet une pension qui devait croître en proportion du nombre d'élèves qu'il engagerait à venir à son école... Il alla chercher les enfänts dans leur village, il les caressait, il leur faisait des présents ; enfin, il se donna pendant deux mois bien des mouvements sans pouvoir en gagner un seul... Il s’adressa aux pères de ces enfants... » (1). Mais il se heurtait dans cette mission à un rude concurrent, le père Rasle (Racle). Un américain nous fait connaître ce dernier, « missionnaire pendant quarante ans chez les diffé- rentes tribus des Abénaquis. Ses connaissances littéraires étaient tout à fait supérieures, sa connaissance des langues modernes convenable, son latin pur, classique et élégant : en plus, il connaissait plusieurs dialectes des Abénaquis » (2). Aussi, désespérant de rivaliser efficacement avec ce redou- table adversaire, le ministre américain retourna-t-il à Boston. Le père Rasle: devait -tomber peu de temps après, le 23 avril 1724, sous les balles anglaises, victime de son zèle et de ses succès. à Détournons nos yeux de cette époque à la fois pénible et glorieuse pour les Acadiens, et portons-les sur une autre partie de l’Acadie, où vont fleurir écoles et couvents. (1) Charlevoix, IL. p. 375. (2) Cozzens, p. 276.