sorte, écrit le ministre au gouverneur de l’île, Saint-Ovide,
qu'il y ait toujours à l’Acadie un nombre suffisant de mission- naires » (1). Cet ordre ne fut pas négligé, puisque six Récol- lets formaient la communauté de Louisbourg d’où ils rayon- naient par toute l’île. Le trésor défrayait les dépenses de trois de ces missionnaires, et les dons des Acadiens et les revenus de l’église paroissiale suffisaient à entretenir les autres. De son côté, l’évêque de Québec leur permettait de fonder un noviciat à Louisbourg, afin de pouvoir se recruter et continuer indéfiniment leur œuvre (2). Ces religieux ne durent pas ménager leurs peines en faveur des Acadiens, car, certaines difficultés ayant encore surgi entre eux et les officiers de la garnison, on parla de les remplacer par d’autres missionnaires : les Acadiens s’opposèrent si fortement à ce changement qu’il fallut tenir pour nulles et non avenues les critiques et les calomnies des officiers (3), d’ailleurs gens sans mœurs et sans patriotisme (4). Il nous reste peu de renseignements sur les écoles des Récollets à l'Ile Royale, mais nous pouvons indirectement induire qu'ils durent s'acquitter fidèlement de leurs fonctions d’instituteurs, du fait que dans les nombreuses plaintes et critiques portées contre eux par les officiers de la colonie, on ne relève aucune accu- sation d’avoir failli à leur devoir sous ce rapport.
En 1724, l’évêque de Québec proposa à la Congrégation de Notre-Dame d'aller fonder un couvent à Louisbourg. « Touchées de l'état de délaissement où étaient les jeunes filles de Louisbourg, les sœurs de la Congrégation entrèrent
(1) Report on Can. Arch. 1904, p. 89. (2) Mandements des évêques de Québec. I, p. 547. (3) Mém. du roi à l’évêque de Québec, 13 Mai 1727. Arch. Can. 1904.
(4) Lauvrière. II, p. 43.