or de nouveaux occupants. Sans plus de scrupule, le gouver- neur de Halifax rivalisant de zèle avec le gouvernement de la mère patrie, qui, à cette même époque et pour des raisons presque semblables, maintenait l'Irlande dans un triste esclavage, décida d’arriver à ces vues, par des moyens rapides et énergiques. Il décréta l'expulsion des Acadiens : en 1755 sur les 10.000 Acadiens que comptait la Nouvelle- Ecosse, 7.000 furent entassés sur des bateaux et jetés un peu partout sur des terres étrangères. « Bien des années pénibles se sont écoulées depuis l'incendie de Grande Prée « Quand à la marée baissante, les vaisseaux chargés partirent, «Emportant une nation avec tous ses pénates en exil, « Exil sans fin et sans exemple dans l’histoire. « Séparés, au loin sur des rivages différents, les Acadiens débarquèrent, « Dispersés comme les flocons de neige, quand le vent du nord-est « Souffle en rafales à travers les brouillards qui assombrissent les bancs de Terre- :_ [Neuve, « Sans ami, sans foyer, sans espérance. Et plusieurs, de désespoir, le cœur brisé, « Ne demandaient de la terre qu’un tombeau et non un ami ou un foyer. « Leur histoire reste écrite sur les pierres tombales du cimetière (1). ‘ Ceux qui échappèrent à la razzia se cachèrent dans les forêts où les soldats les traquèrent comme des bêtes fauves. Plusieurs passèrent au Canada (Nouveau-Brunswick actuel) ou sur l’île Saint-Jean. Là, il furent rejoints par d’autres compagnons de misères, les colons échappés de Louisbourg après sa chute en 1758. On les y poursuivit et, en 1758 et 1759, la plupart des Acadiens de l’île Saint-Jean furent déportés en France ou en Angleterre. De ceux qui échappè- rent à cette triple déportation, beaucoup errèrent dans les forêts où la plupart moururent de misère, de faim et de froid. Le peuple acadien fut ainsi rayé de la liste des peuples. (1) Longfellow. Évangéline. \