PR re ï ner 10 document connu ne nous reste sur les programmes de ces écoles qui, nous l'avons vu, voyaient d'ordinaire leur progrès brusquement arrêté par les invasions. Le vainqueur manquait rarement de marquer son passage par la destruction du fort et des maisons environnantes, y compris l’église et l’école. Alors que le Canada conserve précieusement les livres qui ont servi à l’enseignement de ses premiers colons (1), le pauvre Acadien, lui, n'a pas même cette consolation. D'autre part, les lettres des missionnaires ou des gouver- neurs de la colonie envoyées en France, source principale de l’histoire acadienne, ne signalent qu’en passant et super- ficiellement l'existence des écoles. Dans ces relations, on se plaisait à multiplier les détails curieux sur la vie indienne, et à raconter aux frères de là-bas tout ce qui pouvait à la fois satisfaire leur curiosité et attirer leur sympathie sur la colonie naissante (2). Quel intérêt auraient offert alors des lettres sur les écoles acadiennes ? N'oublions pas en effet que l’instruc- tion primaire en France jusqu’à la révolution de 1789, restait presque entièrement aux mains du clergé (3) : l'État s’en occupait relativement peu. Aussi semblait-il tout naturel aux Français qu’en Acadie, le curé ou le missionnaire continuât à diriger les écoles. On a bien soin d'envoyer aux colonies des artisans de tous métiers, mais on ne parle pas d’insti- tuteurs, cette profession semblait alors faire partie du minis- tère curial. « L'éducation était contrôlée et dirigée presque complètement par l'Église », fait justement remarquer un écrivain anglais, en parlant des origines acadiennes ; « c'était - (1) Gosselin, (2). (2) Charlevoix, I. Avertissement, p. 1. (3) Allain.