Un canadien, après avoir compulsé les écrits de 33 sur

35 notaires de Québec avant 1700, écrit : « Un grand nombre de contrats portent la signature des époux et des parents ou amis... les contrats de mariages sont signés de plusieurs témoins » (1). La Nouvelle-France n'avait donc pas au Canada et en Acadie, à jalouser la mère patrie pour la diffusion de l’enseignement primaire. Sans vouloir pousser trop loin cet argument tiré des signatures acadiennes, il sem- blerait utile et juste de tenir compte en faveur des Acadiens qui n'étaient que des agriculteurs ou des pêcheurs, de ce fait qu'il « arrive que des hommes qui savent écrire font la même déclaration, (de ne pas pouvoir signer) sinon par timidité, du moins par honte ; nous l’avons constaté nous-même et d’autres aussi. Il en coûte toujours un peu à un homme qui n’a pas souvent l’occasion d’écrire.et dont la main est alourdie par le travail manuel de montrer son peu d'expérience dans l'exercice de la plume » (2).

Sauf de rares exceplions, jusqu'à présent plusieurs histo- riens de l’Acadie, souvent peu sympathiques aux Français, n'ont pas manqué de faire ressortir l'ignorance générale de ce peuple sous le régime français ; leur assertion se fondait sur deux preuves : manque d'écoles en Acadie et témoignages de l’époque affirmant que les Acadiens sont tous des igno- rants. La première preuve s'écroule devant la liste, malheu- reusement incomplète, faute de documents, que nous avons pu établir des différentes maisons d'instruction existant alors en Acadie. Quant aux témoignages du temps démon- trant l'ignorance des Acadiens, quelle est leur valeur ?

(1) Garneau. II, p. 104. (2) Gosselin, (2), p. 148.

DT SE