es Donnons-les d’abord. « Je n’ai connu qu’une seule personne parmi eux qui sût lire et écrire ; quelques-uns pouvaient le faire mais très imparfaitement » (1), écrit un français auquel fait écho le capitaine Brook Watson déclarant que les Aca- diens sont « tout à fait illettrés » (2). Ajoutons un témoignage de Wroth qui, sur cent Acadiens en 1727, en trouve un « seul parmi eux qui sut lire et écrire » (3). Ces trois écrivains gardent-ils l’impartialité, ce désinté- ressement complet dans la recherche et la manifestation de la vérité ? Le vrai historien, en effet, doit aimer la vérité, jusqu’à lui sacrifier toute chose. Le premier témoignage vient de la plume de Moyse des Derniers, traître à son pays, ami servile de Lawrence et ennemi acharné des Acadiens, dont il partagea les dépouilles après leur expulsion ; Watson, un autre des « déporteurs » (4), mérite d’être rangé avec le précé- dent parmi les bourreaux de 1755. Quant au dernier témoi- gnage, nous le trouvons dans une lettre adressée en 1727 au lieutenant gouverneur Armstrong, dont nous avons déjà aperçu la sinistre figure. Ce bon Wroth a eu d’ailleurs l’heu- reuse idée de détruire lui-même son affirmation, dans cette même lettre. Un seul sur les cent habitants acadiens sait ; « lire et écrire », affirme-t-il, et dans le même paragraphe de cette lettre, il nous montre ce privilégié en train de lire une proclamation, tandis que les autres étaient en train de signer | Nous regrettons vivement que des historiens, amis de l’Acadie, se soient laissés abuser par ces écrivains sans (1) Moyse des Derniers. Man. Bibl. de Halifax. (2) Bingay, 2. . (3) Londres. Colonial Records of America, vol. 29. (4) Bingay, 2.