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teur. « La grammaire et l’arithmétique complétaient l’instruc- tion du plus grand nombre. Seuls, les enfants, qui en manifestaient le goût ou au moins le désir, pouvaient pousser plus loin leurs études » (1).
Le père Sigogne ne se contentait pas d’enseigner le fran- çais, il enseignait aussi l'anglais, indispensable pour les rela- tions entre Acadiens et Anglais. L’anglais était alors la seule langue officielle et, à la Chambre des députés, on n’eût pas toléré l’usage du français. En même temps, le curé forma des chantres pour les cérémonies de l’église et se fit copiste pour doter son lutrin du traditionnel in-folio des siècles passés. Il enseigna en plus le latin à un certains nombre de ses élèves, soit qu’il découvrit en eux des dispositions particulières pour les études, soit qu’il caressât l'espoir de se préparer ainsi des successeurs. Ses pieuses espérances furent déçues, mais du moins ses élèves répondirent parfaitement au désir, qu’il leur exprimait souvent, de les voir plus tard à la tête des Acadiens dans les luttes politiques et sociales.
Le père Sigogne mélait aux études les récréations et les travaux manuels. L'après-midi se passait à travailler au jardin ou dans les champs. Après le repas du soir, récréation dans la chambre du Père. En vain Scolastique, qui devait chaque matin réparer les dégâts de la veille, essaya-t-elle d’abord d’opposer une digue au désordre et au tapage des enfants ; ces derniers, encouragés par le sourire indulgent de leur maître, n'en continuaient pas moins leurs jeux turbulents ; heureusement le respect modérait l’indignation de la bonne fille, car elle eut facilement accusé le curé d'être le fauteur du désordre. Malheureusement, tous les enfants de la paroisse,
(1) Dagnaud, p. 192.