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à cause de la distance, ne pouvaient suivre les cours réguliers du presbytère ; le père Sigogne décida d'établir des cours, le dimanche. Dans un de ses sermons, après avoir reconnu que le recrutement difficile des instituteurs entrave la diffusion de l'instruction, il ne craint pas d'ajouter «que si les enfants ne sont pas mieux instruits, c’est qu'on ne s'est pas donné aucune peine pour les enseigner ». II montre ensuite les con- séquences funestes de l'ignorance, et conclut en annonçant qu'il est enfin parvenu à obtenir un instituteur (M. Brunet) et qu'il va «faire tenir une école, le dimanche, dans les galeries de l’église, pendant trois heures : une heure et demie avant les vêpres et autant après. On enseignera la lecture et l’écri- ture. Je surveillerai moi-même la classe afin d’être assuré du bon ordre » (1); mesure de sage prudence car ses élèves, souvent assez âgés, se montraient peu dociles envers le pro- fesseur, dont l'extérieur, paraît-il, n’inspirait rien moins que le respect.
L'entreprise donna des résultats satisfaisants. Les cours étaient réservés surtout aux jeunes gens occupés pendant la semaine. Pour les enfants, il établit un peu partout dans sa paroisse des écoles primaires qui, sur le tard, eurent les faveurs du gouvernement. Il fit appel à certaines mères de famille qui surent dérober quelques heures, chaque jour, à leurs pénibles travaux quotidiens, pour instruire leurs enfants et ceux du voisinage. L'enseignement se bornait d'ordinaire à la lecture et à l'écriture. Le Père Sigogne fournissait le livre de lecture, le catéchisme la plupart du temps, et il était rare que le progrès des élèves l’obligeât à pousser plus loin sa libéralité. Il va de soi que ces écoles maternelles se pliaient
(1) Sermons conservés à l’église de Church Point. N.E,
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