— 108 — II. — Écoles françaises au Madawaslka. Les Acadiens du Madawaska, grâce à leur éloignement des centres anglais, jouirent d’une plus grande tranquillité que les autres groupes acadiens de la province. Aussi y eut-il € sans interruption, des pédagogues ambulants tels que Pierre Duperré, Thomas Costin, Antoine Joliet, qui ensei- gnaient, à tour de rôle, dans les diverses localités et qui recevaient la pension et le couvert avec une indemnité de trois shillings par famille, pour le terme scolaire » (1). Au commencement du siècle dernier, le -gouvernement de la province accordait gratuitement à toutes les paroisses qui entretenaient ouverte une école pendant six mois de l’année, un terrain de cent cinquante à deux cents acres. Sans vouloir diminuer aucunement les généreuses initiatives du gouyer- nement, il faut avouer que quelques pièces d'argent eussent servi d'une manière plus efficace la cause de l’enseignement. Il était facile de découper des terres dans ces immensités inhabitées, il l’était moins parfois d’entretenir un simple maître d'école dans un village. Naturellement le magister apparaissait aux yeux de tous avec l’auréole du savoir ; quant à lui, conscient de sa vraie valeur, il se contentait d'enseigner quelques mois dans une paroisse puis passait dans une autre. Il pouvait recommencer indéfiniment son cycle doctoral. Ses étapes, plutôt courtes dans les différentes paroisses, avaient pour lui le double avantage de lui conserver sa réputation de savant qu'aucune objection ne fait reculer, et de ne pas le mettre à la gêne avec un enseignement plus avancé. Avec la lecture et l'écri- ï (1) Albert, p. 169.