A et si longues leurs courses en raquettes ou par « voitures d’eau » (1), qu'ils ne purent immédiatement se consacrer à l'instruction des enfants. L’odieuse expropriation du major Des Barres et de son successeur Amos Seaman, qui, en récompense de services rendus pendant la guerre, s'était fait attribuer, « à l'insu des Acadiens ou autres propriétaires de bonne foi..…., quatre ou cinq grandes concessions de terres de plusieurs milliers d’acres chacune » (2), n’améliora pas la situation des colons français. Ils apprirent donc un beau jour que ces terres, qu’ils avaient défrichées et cultivées depuis quarante ans, ne leur appartenaient plus. Pauvres gens ! dans leur bonne foi, ils crurent bon d’en appeler aux tribunaux du pays ! Mais ils durent finalement abandonner leurs terres ou les racheter. Et cela se pratiquait presque cent ans après l'expulsion ! Ô justice, que de crimes on commet en ton nom! Néanmoins, contrairement à ce qu'on attendrait, l’ins- truction ne fut pas complètement abandonnée ; si les registres paroissiaux du temps, conservés à Caraquet (de 1768 à 1796 et de 1806 à 1815) et à Carleton (de 1796 à 1806), indiquent une baisse considérable dans le nombre de ceux qui peuvent signer (baisse de 50 0/, à 25 ch), l'écriture, distinguée même, d'un certain nombre de jeunes appartenant aux régions les plus différentes, n’en révèle pas moins qu'ils ont eu de bons maîtres d'école. A Neguac, un exilé de Port-Royal, Othon Robichaud, né en 1742, organise vers 1775 la paroisse de Neguac et, le soir, après une rude journée de labeur, réunit autour de lui ses enfants et ceux de ses infortunés compa- gnons. Touchant spectacle à coup sûr que celui de ces exilés (1) Plessis, p. 114. (2) Bourgeois, p. 87 et 203,