— 113 — serrés près du feu, et transmettant à leurs descendants le seul héritage dont on n'avait pu les dépouiller ! À en juger par son élégante écriture que nous retrouvons souvent en feuilletant le registre jauni (1768-1796) de Caraquet, il avait reçu à Port-Royal une instruction peu ordinaire pour l’époque, Son fils, Louis, né à Neguac le 30 novembre 1791, continua lui aussi le soir, au coin du feu, à instruire ses enfants et ceux de ses voisins. En 1843, Thomas Marquand ouvrit la première école de cette paroisse. Comme ses collègues du Madawaska, il prenait pension tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre des familles qui profitaient de ses services. Cette école continua à fonctionner jusqu’en 1870 et disparut alors devant les écoles officielles imposées par Fredericton (1). Nous trouvons une nouvelle preuve du vif désir qu'avaient les Acadiens de s’instruire, dans l’histoire d'un certain Auguste Renaud originaire de Paris. Vers 1850, il est jeté par un naufrage sur les côtes du Nouveau-Brunswick. « On l’accueille avec sollicitude à Bouctouche ; on s'aperçoit qu'il est instruit, qu'il sait lire et écrire; on le supplie de rester pour ensei- gner ; il ouvre une école, les enfants accourent » (2). A Grande-Anse, sur la baie des Chaleurs, un vieux pédagogue de Gaspé fait des randonnées professorales périodiques ; sa troupe d'élèves le suivait dans les différentes maisons qui, à tour de rôle, lui offraient le vivre et le couvert. Un peu plus tard, cette même paroisse mettait son école sous la direction, assez ferme semble-t-il, d’un jeune étudiant, qui devint plus tard Mgr. Allard, fondateur du collège de Caraquet. A Bathurst, bien avant 1850, nous voyons une école dirigée par (1) Notes de Mme Louis Allain, Neguac. (2) Lauvrière, IT, p. 543.