0 devant les déportations et les razzias qui, sur la terre ferme, se poursuivaient depuis trois ans. Quelques centaines échap- pèrent encore et passèrent à Miramichi, où ils vécurent pen- dant quelques années avec les Indiens ; des milliers furent ‘ entassés sur des bateaux à destination de la France ou de l'Angleterre ; l’île restait déserte ; le fer et le feu avaient tout ravagé. Deux ou trois cents Acadiens avaient réussi à se cacher dans les bois. Wolf, le futur héros de Québec, l'un des exécuteurs de ces hautes œuvres, pouvait écrire amère- ment à son chef Ambherst, le 30 septembre 1758 : « Vos ordres ont été aussi bien exécutés que les troupes ont pu le faire. Nous avons fait beaucoup de mal et répandu la terreur des armes de Sa Majesté dans toute l’étendue du Golfe ; mais nous n'avons rien ajouté à sa gloire » (1). I. Misère et courage des Acadiens (1759-1830). ‘ile du Prince-Édouard, — ce fut le nouveau nom de l'ile Saint-Jean, — séparée de la Nouvelle-Écosse en 1769, eut depuis un gouvernement à elle. En 1673, seul un petit fort anglais et quelques misérables bicoques acadiennes indiquaient que « le berceau sur les flots » gardait encore un germe de vie. De grands propriétaires anglais se partageaient les terres et prenaient kes Acadiens à «leur service» (2), euphémisme compris de ceux qui se rappellent le sort de ces manœuvres forcés au Nouveau-Brunswick et surtout en Nouvelle-Écosse. En 1771, le gouverneur Patterson veut construire « une église, un palais de justice et une prison » (3) ; nulle mention (1) Rep. on Can. Arch. 1895. (2) Wright. Life of Wolf, p. 455. (3) Can. Arch. 1895. (2 juillet 1771). È k 4 À 4 à 4 si