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nationalités différentes. Dans ce modeste foyer d'instruction, le fondateur n'eut pas la consolation de’ découvrir des missionnaires qui lui succéderaient, mais il eut la satisfaction de donner des députés acadiens à la législature de Halifax et de nombreux instituteurs pour les autres écoles qu’il fonda. A sa mort, ses enfants jouissaient du même degré d’instruc- tion que les colons anglais, pourtant plus favorisés. Et sur les ruines de cette académie, s’élèvera cinquante ans plus tard, l’université de Church Point. vie

Même tentative au Cap Breton, l’ancienne Ile Royale. L'abbé Girouard, acadien, ordonné prêtre à Québec en 1853, fit l'impossible pour fonder une maison d'éducation française dans sa paroisse. « De tous les prêtres acadiens de la Nouvelle- Écosse, c’est lui qui fit les efforts les plus grands et les plus généreux, mais hélas ! infructueux, pour établir parmi les siens des maisons d'éducation. Homme de cœur et de beaucoup d'esprit, prêtre zèlé, patriote convaincu, il avait fait de sa vie deux parts : l’une mise au service de l’autel et des âmes, l’autre vouée à l'établissement d’écoles, d’académies et de couvents le français serait enseigné » (1). Rappelons-nous qu’alors les Acadiens de la Nouvelle-Écosse ne s'étaient pas encore relevés du «grand dérangement » et de ses consé- quences encore plus terribles ; ils ne formaient pas un dizième de la population, et le clergé ne comptait que quelques prêtres français. L'abbé Girouard eut l’audace de braver toutes ces difficultés et choisit Arichat, sa paroisse, pour y fonder une grande école.

Il la confia aux Frères des Écoles Chrétiennes qui arri- vèrent à Arichat en 1861. Ils enseignaient à la fois l'anglais et

(1) Pascal, p.96!