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tifier une idée trop répandue en Acadie et même à l'étranger. Les Acadiens sont fatigués d'entendre répéter. par certains historiens français et anglais que leurs ancêtres, contraire- ment aux contemporains des autres nationalités, ne manifes- taient même pas le désir de s’instruire. Il est plus facile de saisir dans quel esprit et dans quel dessein cette légende a été établie que d’en découvrir les premiers auteurs; et, si trop d'historiens de l’Acadie, même de bonne foi et sans mauvaise intention, ont cru bon de l’adopter sans la contrô- ler, c'est pour nous une raison plus forte d'en proclamer la fausseté.
. Tous ceux qui sont quelque peu au courant de l'état de l'instruction dans les pays d’où sont venus les colons qui ont peuplé les provinces maritimes, se garderont bien d’affir- mer que les colons non français apportaient avec eux un grand désir de s’instruire parce qu'ils en avaient pris chez
eux l'habitude. Il ne faut pas juger ces pays d'après leur état:
actuel. Au XVII siècle, la France ne le cédait en rien aux autres pays européens pour l'instruction ; même avant 1789 elle « possédait des milliers d’écoles primaires » (1) et le nouveau régime en établit par toute la France. Au contraire, « en Angleterre, aussi bien qu’en Irlande, pas même l'embryon d'un système digne du nom d'éducation nationale n'exista avant 1808 » (2). La situation du peuple en Écosse était alors presque aussi lamentable qu’en Irlande. Donc, les colons européens qui arrivèrent dans les provinees maritimes ne mettaient point au premier rang de leurs soucis, comme on l’a tant prétendu, celui de l'instruction ; la plupart ne cher-
(1) Allain, p. 129. (2) Campbell, p. 427.
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