141

chaient qu’à se protéger contre la persécution et la misère. La Nouvelle-Écosse, reconnaissons-le, dépassa ses provinces sœurs dans l’activité qu’elle déploya, dès le milieu du XVIITe siècle, pour l'instruction du peuple, mais ce n’est pas le peuple qui avait pris l'initiative de ce mouvement, c'était le gouvernement qui, ce faisant, avait beaucoup plus le dessein de propager la religion anglicane que de répandre l'instruction (1). Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse avait des ordres formels de Londres de construire des écoles pour établir plus solidement au pays la religion officielle. Et cependant, malgré les dépenses et l’activité réelles du gou- vernement, l'instruction populaire, toutes proportions gardées, ne fut pas plus répandue dans les provinces maritimes, en 1800, qu'elle ne l'était sous le régime français en 1650.

Nous convenons que cette fin religieuse eut aussi le rôle prépondérant sous le régime français. Mais nous tenons simplement à montrer que l’ardeur des colons non français pour l'instruction ne dépassait aucunement celle que .les Acadiens avaient apportée de France. Mais après 1755, quel contraste entre les écoles acadiennes et les autres ! Cette différence, nous dit-on, est due à ce que les immigrants des autres nationalités, étant d’origine plus élevée que celle des Acadiens, tenaient à donner une instruction convenable à leurs enfants. Nous n’ignorons pas la manière dont ont pro- cédé les chefs de la Nouvelle-Angleterre pour peupler si rapidement leur colonie (2), et les Acadiens n’ont rien à craindre d’une impartiale comparaison. Si alors, ce qui est indéniable, l'instruction se développa beaucoup à cette

(1) Bingay, p. 5-17. (2) Garneau, I, p. 523 et Rameau, I, p. 285.