en

époque, ne l'oublions pas, ce progrès se manifestait égale- ment chez les autres peuples civilisés, grâce aux communi- cations qui devenaient plus nombreuses et plus faciles, grâce aussi aux imprimeries et aux livres qui se multipliaient au Canada comme ailleurs.

Mais enfin le fait est là: seuls, dit-on, ces Acadiens restaient en marge de ce progrès ; alors que partout l’instruc- tion se développait, chez eux elle semblait plutôt diminuer. Quelle mauvaise foi! N'est-ce pas insulter « ces esclaves de l'honneur ou plutôt ces martyrs de la probité » (1) que d’oser leur jeter à la face un tel reproche ? Dépouillés de tous leurs

biens, traqués comme des bêtes fauves pendant une dizaine

d'années, errant dans les bois et mourant de misère, de faim et de froid, peuvent-ils être rendus responsables de ne s'être pas adonnés davantage à l'instruction de leurs enfants ? Alors surtout que ceux qui s'étaient partagés leurs dépouilles jouissaient de toutes les faveurs des gouvernants de 1755 à 1800, l'Acadien considérait comme une faveur d’être toléré ou simplement oublié dans ce pays qu’il avait colonisé. Nous ne voudrions pas lui faire dire ce qu'un écrivain très sérieux écrivait des Canadiens: « On peut dire, sans rien exagérer, que le plus grand ennemi de l'éducation au Canada depuis la conquête jusqu’à la veille de l'union, ce fut l’Angle- terre » (2). Cependant, force nous est de reconnaître que, jusqu'en 1825, les Acadiens furent loin d’être encouragés dans leurs œuvres d'éducation par le gouvernement. Réduits à la condition la plus lamentable, certains, nous l’avons vu firent l'impossible pour instruire leurs enfants (3). Privés,

(1) Relation de ce qui s’est passé en Acadie... 1755, p. 3. (2) Royal Society of Canada. 1884. Vol. II, p. 53. (3) Chap. V-VIII.

LS ci eee