48 tenu strictement à la lettre de la loi, on aurait pu assister, dans les campagnes françaises, à ce singulier spectacle d’une cinquantaine d’Acadiens étudiant sous la direction d’un instituteur français, à qui défense expresse était faite d’ensei- gner en français ou d'enseigner la langue française ! Scène hélas ! trop réelle, à en croire un écrivain anglais du pays, qui nous peint, non sans l’admirer, « une école française de campagne tenue par un maître français. Tout l’enseignement s'y donnait en langue anglaise avec quelques exceptions relativement rares de certaines réprimandes données par le professeur qui, en colère, revenait à son idiome mater- nel »! (1) Quelle répugnance ne devaient pas éprouver pour de telles écoles, ces jeunes enfants habitués à se servir du français au foyer et dans leurs jeux, et obligés de le mettre de côté en franchissant le seuil -de leur classe ! On comprend que, dans une telle situation, les élèves acadiens devaient nécessairement faire moins de progrès dans les études que leurs petits camarades anglais. Enfin, en 1902, une commission, composée de trois Anglais et de cinq Acadiens, reçut du gouverneur général de la province la mission de découvrir les « meilleures méthodes d'enseigner l'anglais dans les écoles situées dans les districts français de la province et, en général, de faire au ministère de l’instruction toute suggestion qui pourrait augmenter le progrès de l'instruction dans les susdits dis- tricts » (2). En dépit de la forme peu rassurante de ce décret, tous comprirent qu'il s'agissait d'améliorer le sort des petits Acadiens. Les membres de la commission s’acquittèrent tous (1) Bingay, p. 74. (2) School Law. N. S., p. 308. he #