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de vraies écoles bilingues, mais la plus forte partie des matières du cours d’études sont enseignées en anglais. Le jeune élève, en arrivant à l’école, doit d'abord apprendre le syllabaire de lecture française. Après avoir appris passable- ment bien son syllabaire français, il doit commencer l'étude de la langue anglaise, tout en continuant l'étude du français. À partir du commencement de sa deuxième année d'école, l'élève apprend les deux langues concurremment, jusqu’à la fin de son cours à l’école primaire. Arrivé au deuxième livre de lecture, l’instituteur lui enseigne les notions élémentaires de la grammaire française, au moyen de dictées et d'exercices au tableau noir. Ce n’est que lorsque l'élève arrive au troisième grade, c’est-à-dire au troisième livre de lecture, qu'il doit se procurer un manuel de grammaire française et qu'il doit commencer les exercices de rédaction » (1).

Bien que proportionnellement moins nombreux, les Acadiens de l’île n’ont rien à envier au sort scolaire de leurs frères des deux provinces voisines. N’est-il pas curieux de constater que ces trois groupes d’Acadiens, soumis à des. gouvernements différents et indépendants les uns des autres, ont vu leurs écoles passer par les mêmes espérances et les mêmes tribulations ? Cachés dans les bois ou revenus de l'exil, ces fils d’un « peuple de douleur » (2) apprirent d'abord de leurs parents la lecture et l'écriture. Plus tard, ils profitè- rent des lois scolaires bienveillantes et des subsides accordés indistinctement à tous par le gouvernement pour l'entretien des écoles ; puis, Soudain, ils virent leur langue bannie des programmes officiels et leurs enfants placés dans l’alternative

(1) Congrès du parler français, p. 252.

(2) Le Canada Français. Vol. X, p. 7.