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qui l’eut pour curé de 1842 à 1852 lui doit l'érection d’une belle école française. Sa jeunesse l'avait au reste merveilleu- sement préparé au grand rôle que Ja Providence lui réservait. À ses études classiques il avait joint des études médicales ; à Saint-André, il s'était familiarisé avec la langue anglaise ; un contact d’une douzaine d’années avec les Acadiens, lui fit connaître leur situation lamentable et accrut l'amour sincère: et actif qu'il ressentait pour ces opprimés.

Nommé curé à Memramcouk en 1852, il écrivait deux ans plus tard à l'un de ses amis: « J'ai décidé une grande entreprise : un séminaire ; la bâtisse principale ou du centre, que nous allons élever dans huit jours, aura quarante-cinq pieds sur trente, à deux étages et à mansardes avec une cui- ‘sine en arrière de trente pieds sur vingt, à deux étages égale- ment. » Il terminait sa lettre par ce trait qui ne manque pas de piquant : « Je ne néglige aucun moyen propre à la réussite de mon œuvre. J'ai fait une demande à la législature, j'ai de nouveau fait entendre ma voix pour mon peuple, afin qu'on lui accorde la part qu'il a le droit d'exiger pour sa nourriture : l'éducation. Je n’attends rien de ce côté, mais ce sera une arme de plus dont je saurai me servir aux prochaines élections » (1). Contrairement à son attente, la législature accorda un subside ; si nous y ajoutons les revenus assez considérables de la paroisse et les quelques dons d’amis généreux, nous sommes moins surpris de voir cette solide maison, entourée d’un vaste domaine, payée près de neuf mille dollars.

Restaient deux grandes difficultés : obtenir la permission de l'ordinaire et trouver des professeurs. L'un des frères du

(1) Bourgeois, p. 122.