È ; k CHAPITRE XII Les Eudistes (1890-1926). L Collège de Sainte-Anne de Church-Point, N. E. Les Eudistes, exilés de France, allaient rencontrer dans la Nouvelle-France les fils des grands exilés de 1755 : ces cœurs brisés presque par les mêmes malheurs se compren- draient facilement et se préteraient une aide mutuelle. Les Acadiens manquaient d’éducateurs français : les Eudistes, pour la plupart professeurs dans des collèges de France, met- traient à leur service « leur talent, leur dévouement et leur bourse » (1). Le père Morin, le premier des Eudistes qui _abordèrent au Canada, dès son premier contact avec cette « population française et catholique jusqu'au plus intime de l'âme », écrit le 30 octobre 1890 : « Nous nous trouvons si heureux, si heureux qu'il y a à craindre de perdre notre mérite (2) ». La Providence elle-même semblait avoir préparé cette rencontre. Le 15 août 1890, au moment où les Acadiens réunis en convention nationale à Church-Point, et agenouillés à l'endroit même où devait s'élever le futur collège de Sainte- ‘Anne, suppliaient leur patronne de leur accorder des maîtres français pour leurs enfants, à Versailles le supérieur général des Eudistes, entouré de son conseil, décidait d'envoyer quel- ques pères à Halifax, convaincu des services qu'ils rendraient (1) Poirier, p. 277. (2) Georges, p. 50,