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heureux d'apprendre que, dans quelques séminaires, on a introduit la coutume d'apprendre aux clercs à parler en. français et en anglais ; nous voudrions que cette manière de faire fût un exemple aux autres séminaires » (1). Ne croirait- on pas que le pape eut en vue le séminaire de Halifax qui, depuis de nombreuses années déjà, observait cette règle, désormais sanctionnée par Rome pour tous les séminaires canadiens ?
Un jour, tous les séminaristes se réunissaient au salon de réception pour saluer le Cardinal Bégin, de passage au séminaire. L'archevêque de Halifax, Mgr. Mac Carthy, toujours sympathique à cette maison, assistait à cette réunion. Après avoir adressé en français la parole à l'assistance, le Cardinal invila l'archevêque à lui dire quelques mots en anglais. Celui-ci fut tout heureux de lui répondre : « C’est inutile,
/ Éminence, tout le monde ici parle le français ». Les applau- dissements n'avaient pas cessé que le Cardinal lui répondait, sur le même ton: « Monseigneur, vous pouvez très bien parler anglais, tout le monde ici comprend l'anglais. »
Le séminaire ne ferait-il qu'accoitre cette sympathie entre les futurs chefs religieux des deux nationalités, — mais il fait plus, nous l'avons vu, — qu'il mériterait bien déjà du pays. Personne n'’ignore l'influence considérable dont jouit, en Acadie, le clergé tant anglais que français ; quel secours n'apporterait-il pas à la paix qui doit régner dans un pays où sont réunies tant de nationalités différentes, à condition toutefois que son influence soit réglée par la justice et par les droits inhérents à chaque nationalité.
(1) Benoît XV au clergé canadien, le 8 sept. 1916.