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large place à l'anglais, indispensable pour tout Acadien désireux d'exercer quelque influence dans une population hétérogène. La solution du problème ne vint pas du public, mais de ces humbles religieux qui, étudiant le pays, et rece- vant d’utiles conseils de notables acadiens, surent, après des tâtonnements inévitables, adapter de la façon la plus heu- reuse leurs programmes aux besoins et aux légitimes désirs des Acadiens.

On pourrait ajouter que les élèves eux-mêmes concou- rurent en quelque façon au perfectionnement des pro- grammes. L'un d'eux, un jour que le professeur, « selon l'usage antique et solennel », enseignait l’art de construire des vers latins, ne voyant qu'acrobatie intellectuelle à aligner, à l’aide d’un gros dictionnaire, les dactyles et les spondés, lui demanda brusquement pourquoi on n’enseignait pas aussi la versification française. Révélation pour le professeur : quel- ques semaines plus tard, dans cette même classe, avait lieu une composition de poésie française. Une autre fois, un ancien élève fit respectueusement remarquer au directeur qu'on lui avait fait apprendre l’histoire des temps anciens et des pays étrangers, mais très peu celle de son pays. Si la réponse ne fut pas immédiate elle fut éloquente : peu après, on inscrivait au programme l’histoire du Canada et la littéra- ture canadienne. On ne saurait contester à ces modestes di- recteurs la justesse des vues et le choix judicieux des matières d'enseignement.

Une autre difficulté surgissait : la délimitation du temps réservé à l’étude des langues et à celle des sciences. En 1906, des représentants des écoles et des collèges de la Nouvelle- Écosse, réunis à Halifax, constataient le manque de conti-