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fratres in unum, depuis le grand dispersement. Ils arrivaient de tous les points des provinces maritimes, comme autrefois leurs pères étaient revenus de tous les points de la terre, pauvres, proscrits, rapportant la patrie dans leur cœur... C'était ici un peuple se réveillant d’un long sommeil d'agonie, étonné et incertain du j:ur national qu'il voit luire » (1). Le peuple acadien sentait trop sa faiblesse et ses besoins pour ne faire de ces assises nationales qu'une simple démonstration patriotique ; dans ces réunions, qui depuis 1881 ont lieu tous les quatre ou cinq ans, ils s'occupent toujours des moyens les plus pratiques pour relever l'Acadie. La première « convention acadienne » choisit une fête nationale ; la seconde, à Miscou- che en 1884, adopta un drapeau national acadien : le drapeau tricolore avec une étoile brillante sur le bleu ; la troisième,
à Church-Point en 1890, décida la fondation d’un collège
français à la baie Sainte-Marie et soccupa presque exclusive- ment de l’enseignement du français, « dans toutes les écoles,
soit primaires, soit secondaires, académies ou collèges, cou-
vents ou pensionnats » (2). La convention formula sur l’enseignement du français des résolutions, qui probablement n'auraient pas fait tant de bruit dans le pays, si elles n'avaient été aussi justes et aussi légitimes. Ces réunions solennelles des délégués de tout un peuple continuent à se tenir, en passant par les différentes paroisses françaises des provinces maritimes. Toutes s'occupent activement et efficacement de la conservation et du développement de la langue française dans le pays. Les discours qu'on y entend révèlent bien un
peuple qui veut vivre, et ne point sacrifier sa langue.
(1) Poirier, p-:215: (2) Robidoux, p. 118.