IV. Journaux français en Acadie. Dans un pays bilingue comme les provinces maritimes, le journal français, quotidien ou hebdomadaire, exerce nécessairement une influence très grande pour le maintien de la langue française ; il tient aussi le peuple au courant des questions nationales. Nous ne sommes plus au temps où les les journaux se rangeaient parmi les articles de luxe. Avant 1850, « à peu près seuls les maîtres de poste et les instituteurs recevaient la Gazelte de Québec ou Le Canadien. Ces pério- diques faisaient le tour du canton, passant de mains en mains jusqu'aux chaumières voisines de la forêt » (1). L'Acadie avait “besoin de journaux qui porteraient à ses enfants ses désirs, ses craintes el ses espérances. « Je suis surpris et émerveillé de la ténacité et du courage des fondateurs des journaux acadiens », fait remarquer un Français de France, ami des Acadiens, qui les avaient vus à l'œuvre. « Accordons-leur de grand cœur les éloges qu’ils méritent, dans leur rude et ingrat labeur » (2). Il fallait plus que des hommes dévoués, il fallait de véritables apôtres pour créer un journal en Acadie, au milieu du siècle dernier. « Fils de parents élevés sous le régime absolu des rois français », les Acadiens conservèrent trop longtemps certains caractères de leurs pères: Qils se désintéressaient de l'administration de la chose publique... Il leur a manqué la prudence des enfants des ténèbres, cet esprit combattif si nécessaire dans ce nouveau monde où la violence faisait loi » (3). Leur confiance trop grande dans des (1) Albert, p. 238. (2) Congrès du parler français, p. 53. (3) Albert, p. 65 et 66.