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certains malentendus et certaines difficultés auxquelles les Acadiens n'avaient rien à gagner. Le prêtre français en Acadie est presque le défenseur des Acadiens, comme il l’est de tous ceux dont les droits sont violés. Son ministère ne l’oblige pas strictement à ce rôle, mais, citoyen modèle, il peut prendre la défense de ses frères et personne de bonne foi ne songera à le lui reprocher.

Le clergé français a beaucoup contribué à mettre le peu- ple acadien sur le même pied que les autres nationalités, en lui donnant des écoles, des couvents et des collèges. Que de curés depuis le grand vicaire Langevin ont épargné, se sont privés du nécessaire pour faire instruire les jeunes Acadiens, en fondant des bourses dans les collèges français ou en offrant des dons considérables aux couvents ou aux collèges de l'Acadie! Et dans ces maisons d'éducation, aucun religieux, aucune religieuse ne reçoit de salaire : le vivre et le couvert que leur offre la maison leur suffisent. Aussi le prix de la pension des élèves est-il le moins élevé qu'il se peut, si bien que les frais d'entretien de ces différentes institutions ne seraient pas couverts sans l’aide du clergé et d’Acadiens plus riches. Il faut avouer qu’en agissant ainsi le clergé ne travaille pas seulement à conserver la langue française, il serait prêt à défendre une autre nationalité dont la langue serait menacée, mais encore et surtout la foi, dont la disparition de la langue amène souvent la perte. Il paraît surprenant au premier abord que la foi, don surnaturel, soit liée si intime- ment au mécanisme du langage. Nous ne pouvons dans le cadre restreint de ce travail en rechercher l'explication, mais c’est un fait constaté, devant lequel on doit s’incliner. Aux États-Unis et au Canada, pour avoir oublié leur langue, un

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