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génération laisse tomber ces vieux mots français si savoureux qui donne tant de charme au français de l'Acadie. Les collè- ges, les couvents, les écoles et les journaux français ramènent les Acadiens au français moderne. Fatalité, dira-t-on, et pourtant, on ne peut s'empêcher d'éprouver un mélancolique regret en voyant peu à peu disparaître cette langue si savou- reuse et si pittoresque.

IX. La population acadienne.

L’incoercible natalité acadienne, qui fait la force du pays, a permis à ces quelques colons français de Port-Royal d'atteindre le chiffre de 18.000 âmes au moins, en un peu plus de cent. ans (1632-1758). Le joyeux Diéreville, visitant l’Acadie vers 1700 écrivait : « Il faut voir comme la mar- maille fourmille... et on dirait qu’ils sont presque tous d’un même âge... Deux couples voisins. ont... l’un et l’autre, chacun dix-huit enfants, tous vivants : c’est être fort habile en ce métier ; cependant un autre couple a été jusqu’à vingt- deux et en produit encore davantage ». Grâce à la religion, qui conserve ses mœurs pures, l’Acadien n’a rien perdu de sa prodigieuse fécondité du XVIIe siècle. Réduits par la dis- persion de 1755 à quelques centaines en Acadie, ils arrivèrent bientôt à une population de 200.000 âmes. Si Diéreville reve- nait en Acadie, il constaterait que les enfants sont encore « la richesse du pays » (1). Chez les Acadiens on ne se vante pas d’avoir une nombreuse famille à moins d’une douzaine d'enfants, et même les familles de quinze ne sont pas trop

(1) Diéreville, p. 76.