— 9 — patrouilles anglaises qui sillonnaient la peninsule et Ie detroit, n'avaient pu emporter avec elles ni effets, ni pro¬ visions. Mais, en general, la misere se restreignait qu'a ces nouveaux venus. On peut se figurer d'apres les quel- ques apercus que nous en avons, quelle devait etre la physionomie des paroisses de notre petite ile a cette epo- que. Citons une page de l'abbe Casgrain: "La vie patriar- cale de ces petites societes, formant un monde a part, se- questre du reste des hommes, leurs habitudes pastorales d'une simplicite antique, les occupations uniformes de chacune des families attachees a la terre et a 1'elevage des troupeaux; tout cela etait la fidele reproduction de ce qui s'etait passe autour du Bassin des Mines et a Port Royal. Ces paroisses n'etaient, au reste, que ile dedouble- ment de celles de rAcadie; les constructions etaient les mernes, maisons a un seul etage, bas et perce d'un petit nombre de fenetres avec ces toitures raides si bien adap¬ ters au climat, eglise en bois de meme structure, ornees de leurs petits clochers, et a cote, cimetieres reconnaissables a la grande croix qui en dominait Tenclos, presbyteres ressemblant aux maisons des habitants. Les dimanches et les fetes, les foules affluaient vers les rustiques sanotuai- res. La monotonie de Fexistence n'etait d'ailleurs interrom- pue que par de rares rejouissances, comme a l'occasion d'une noce, par exemple, ou de la visite de parents ou d'amis venus d'une paroisse voisine ou du continent. Les soirees aupres du foyer etaient alors animees, parfois nombreuses et bruyantes, surtout lorsqu'on avait la bon¬ ne fortune d'avoir un joueur de violon pour accompagner les dances. En un mot, c'etait les tableaux champetres qui ont inspire " L 'Evangeline" de Longfellow, dont le charme est s