■**— — 12 — solation. Qu'on se represents seulement les scenes dechi- rantes qui se renouvelerent dans chaque habitation au moment du depart des families, les apprets de ce depart, les moissons abandonnees sur pied ou recolties par d'au- tres, les bestiaux delaisses dans les champs. Mais surtout, qu'on se transporte dans les eglises, les derniers diman- ches qu'on eut a y passer, les adieux des cures a leurs paroissiens, la derniere messe entendue au milieu des .san- glots et des torrents de larmes, la supreme exhortation au moment de sortir de l'eglise pour n'y plus rentrer, puis les embrassements, les serrements de mains avant de se sepa- rer. Enfin, le jour du depart venu, le peu d'objets qu'on pouvait emporter, charges sur les voitures; qu'on se figu¬ re 1'abattement, le sombre desespoir des hommes, les pleurs, les cris des femmes et des enfants, en franchissant pour la derniere fois le seuil des maisons, de ces foyers domestiques ou iis avaient longtemps vecu, ou ils espe- raient mourir. Qu'on les suive ensuite sur les chemins de rile, les uns venant de Malpec, de St-Pierre-du - Nord , de St-Louis, les autres de la Pointe Prime, de Bedeque , tous convergeant vers le Port Lajoie ou devaient se faire les embarquemenis." Le nombre insuffisant des navires re- tarda le depart d'un bon nombre jusqu'aux glaces de l'au- tomne, epoque si dangereuse pour la navigation dans le Golfe St-Laurent; ce qui explique la disparition de bien des exiles. II parait meme que les derniers deportes ne pu- rent quitter l'lle qu'au printemps de l'annee suivante. Wolfe, le heros des plaines d'Abraham, qui avait ete charge par lord Amherst d'une partie de cette sale besogne, ne cacha pas a celui-ci, ses sentiments sur pareils actes de brigandage. II dit: "Vos ordres ont ete executes, 30 sep- tembre 1758. Nous avons fait beaucoup de mal et repandu Jt