RUSTICO — PAROISSE ACADIENNE 11 Toutes les precautions prises par Cornwallis ne purent toutefois empecher un certain nombre d'Acadiens de passer dans les etablissements francais de Memramcook , Peticoudiac et Chipoudy. Plusieurs traverserent dans File Saint- Jean. Du- rant les annees 1749-1752, une grande partie de la population s'echappa de la peninsule. En 1753, sur douze cent personnes que formait naguere la paroisse de Cobequid (Truro), il ne s'y en trouvait plus que trois cents. Le reste s'etait enfui a l'lle Saint- Jean par le passage de Tagamigouche que les Anglais n'avaient pas eu la precaution de garder. Cinq cent habitants avaient quitte Pigiquit, (Windsor) et trois cents, la Grand-Pree. "Nous avons fait jusqu'a present, ecrivait l'intendant. Bi¬ got au ministre le 5 octobre 1750, tout ce qui a dependu de nous pour insinuer a ces habitants (de l'Acadie) de se retirer sur nos terres. II y en a passe six ou sept cents sur l'ile Saint- Jean a ce que nous mande M. de Bonaventure . Et il en passe tous les jours, mais pas avec autant de vivacity que s'il n'y avait pas de batiments anglais dans le detroit pour les en empecher." "Nous y avons envoye des farines suffisamment pour les faire subsister, des pioches, haches, clous, socs de charrues et quelques effets pour les vetir, la plus grande partie 6tant nuds, s'etant echappes comme ils avaient pu." La cour de Versailles qui s'engageait en de grandes depen- ees pour peupler l'ile Saint- Jean avait a coeur qu'elle fut soli- dement 6tablie par le defrichement et la culture du sol. Elle voulait pour cela que tous les bras y fussent employes et defen- dit en consequence aux colons de s'adonner a la peche. L 'intendant du Canada en felicitait le ministre. "Le parti, Monseigneur, que vous avez pris d'y interdire la pesche est le meilleur pour faire reussir la culture des terres. Tout habitant qui devient pescheur ne peut se determiner d'y travailler. La culture ne rend pas des profits si apparents, mais ils sont plus solides." Le 25 octobre 1750, Prevost parle de "2000 Acadiens a l'ile Saint- Jean ou il y en avait environ onze cent anciens. Ces premiers y ont amene de l'Acadie 2200 betes a cornes, tant en boeufs, vaches, taureaux, genisses que veaux, beaucoup de co- chons, quelques moutons et 171 chevaux. Ils se batissent assez bien, et commencent a donner forme a leurs etablissements." Le.recensement de 1752 fut fait par le sieur de la Roque. De ce recensement qui fut fait avec methode et exactitude, bien des faits interessants sur la situation des habitants de l'ile' nous sont parvenus. La population -totale <§tait de 2223 ames II y avait 368 families: Au port Lajoie, 9 families: 39 personnes- Itiviere-de-1' Ouest , 19 families: 109 personnes; Riviere-du- Nord , 7 families: 44 personnes; Riviere du Nord-Est, (cdte" du