14 RUSTICO — PAROISSE ACADIENNE
_____._——’
des autorités fanatiques. C’est la qu’est 1e secret de l’hérois— me religieux de la population frangaise de l’Acadie.” L’accroissement de la population amena bientét deux au-
tres missionnaires, MM. Biscarat et Cassiet, qui furent placés, l’un au havre Saint-Pierre, l’autre a Malpec. L’abbé Cassiet ne fit qu’un court séjour a Malpec. I] y fut remplacé par l’abbé Dosque, plus tard curé de Québec et qui fut 1e dernier mission- naire de Malpec. Les cinq paroisses de l’ile se trouvérent donc pourvues chacune d’un curé. D’apres les renseignements four- nis a l’abbé de L’Isle-Dieu a Paris. L’ile a cette époque aurait compté une population de trois mille habitants.
De 1753 i1 ne se pa-ssa aucun événement remarquable, et la physionomie sociale du pays ne varia pas sensiblement jus- qu’a 1a mémorable année 1755, “l’année du grand dérange- ment”. La vie était laborieuse et dure parmi les anciens aussi bien que parmi les nouveaux habitants. Il n’y avait de vrai- ment misérables que les familles qui, poursuivies a leur départ du continent par les patrouilles anglaises qui sillonnaient l’isthme, et pendant la. traversée, par les corsaires, n’avaient pu emporter avec elles ni effets, ni provisions.
Citons encore une page de l’abbé Ca-sgrain sur la'physio- nomie des paroisses de l’ile Saint-Jean a cette époque. “La vie patriarcale de ces petites sociétés, formant un monde a part, séquestré du reste des hommes, leurs habitudes pastora— les, d’une simplicité antique, les occupations uniformes de cha— cune des familles, attachées a la glébe et a l’élevage des trou- peaux, dout cela était la fidéle reproduction de ce qui se pas- sait a la méme date autour du bassin des Mines. Ces paroisses n’étaient, an reste, que le dédoublement de celles de l’Acadie, les constructions étaient les mémes: maisons a un seul étage, bas et percé d’un petit nombre de fenétres, avec ces toitures raides si bien adaptées au climat, granges, étables et autres dépendances, la plupart couvertes 'en chaume, églises en bois de méme structure, ornées dc leurs petits clochers, et, a cots}, cimetiéres reconnaissables a la grands croix qui en dominait l’enclos, presbytéres ressemblant aux maisons des habitants. Le mouvement rural n’offrait pas plus de difference. Les di- manches et les fétes, les foules affluaient vers les rustiques sanctuaires, comme a Port-Royal, a Pigiguit, a Beaubassin. La monotonie de l’existence n’était, d’ailleurs, interrompue que par de rares réjouissances, come a l’occasion d’une noce, par ex- emple, ou de la visite de parents on d’amis venus d’une paroisse‘ voisine ou du' continent. Les soirées auprés du foyer étaient a- lors animées, parfois nombreuses et bruyantes, surtout lorsqu’- on avait la bonne fortune d’avoir un joueur de violon pour ac- compagner les danses. En un mot, c’était les tableaux champé-