16 . RUSTICO -— PAROISSE ACADIENNE
ce, et nous savons que vous n’étes adonnés a aucun vice ni a an- cune débauche. Cette province est votre. pays, vous et vos peres l’avez cultivée; naturellement vous devez jouir des fruits de vo- tre travail.”
Moyse de les Derniers, qui était 1e factotum du proscrip- teur—en—chef, Lawrence, et qui a été l’agent principal des rapi- ’ nes qui ont précédé et suivi les scenes affreuses d-e la proscrip- tion, écrit a son tour:
“Les Acadiens étaient le peuple le plus innocent et le plus vertueux que j’aie jamais connu et dont j’aie lu le‘récit dans aucune histoire. Ils vivaient dans un état de parfaite égalité, sans distinction de rang dans la société. Les titres de “Mes- sieurs” n’étaient pas connus parmi eux; ignorant 1e luxe et méme les commodités de la vie, ils se contentaient d’une manie- re de vivre simple, qu’ils se procuraient facilement par la cul— ture de leur terres.
“Ils étaient trés remarquables pour leur inviolable pureté de moeurs. Je ne me rappelle pas un seul exemple de naissance illégitime parmi eux. Leurs connaissances en agriculture é- taient tres limitées, quoiqu ’ils cultivassent bien leurs terres en- diguées
“C’était un peuple fort sain, capable d’endurer de grandes fatigues, et vivant généralement jusqu’a un grand age, quoique personne n’employat de médecin.
“Enfin ils étaient parfaitement accoutumés a agir candide- ment en toutes circonstances, et réellement, s i’l y un peuple qui ait rappelé Page (1’ or tel qu ’il est décrit dans l’histoire c ’étaient les anciens Acadiens.”
De 1749 a 1755, les négociations entre les Acadiens et les gouverneurs anglais a Halifax, tirerent en longueur; les An- glais tachant de gagner'du temps pour achever l’établissement d’Halifax et se fortifier partout de maniére a parler en maitres, tandis que les Acagiens, confiants dans leurs droits, espéraient toujours qu’on en reconnaitrait la justice.
Pendant que ces propos s’échangeaient et que la discussion séchauffait jusqu’a l’exaspération, les Anglais avaient complé- té et fortifié Halifax. Ils agissaient de tous cétés, établissant des postes, d’abord autour de la ville, puis ala Grand’Prée, a Pigiguit et sur toutes les rivieres des Mines, de maniére a iso-
ler de plus en plus les Acadiens de tout contact av-ec l’extérieur. Nous touchons maintenant a l’exécution du plan doublement criminel de Lawrence, plan que les Anglais appellent du nom fort doux de “Removal of the Acadians”, comme si l'on eut écar- té les Acadiens du bout (les doigts. Citons ici 1a lettre de Winslow qui est restée célebre dans les annales de cette époque: