18 RUSTICO PAROISSE ACADIENNE

(700 personnes) a Québec. Mais i1 en reste 4,000 sans ressour- ces”. 0r, de ces réfugiés de Cocagne, 16 étaient des échappés de la Caroline revenus par la riviere Saint-Jean. Quelle odyssée que la leur!

Pour comble de malheur, la récolte de 1717 fut extréme- ment mauvaise; “pas de secours de France, ni de Québec, ni de Louisbourg; pas de vivres ni de vétements ni de munitions. Femmes et filles ne pouvaient se montrer, faute d’étre vétues”. Néanmoins, sous la bonne administration du commandant Ville- join, on se remit aussi vaillamment a l’oeuvre que le permet- taient les lamentables conditions de la colonie. Tous ces Aca- aiens qui avaient réussi a s’échapper a la dispersion de 1755 et a s’établir dans l’ile, pensaient bien, qu’ici, ils seraient a l’abri de toute attaqiue, et 'qu’enfin ils pourraient se préparer des demeures 01‘1 ils espéraient passer 1e reste de leurs jours en paix et laisser leurs fils dans un état prospére. Mais l’oeu— vre de l’impérialisme anglais n’était pas encore a son but. En

1758, surivint la chute de Louisbourg, 1e chateau-fort des Fran— gals au Cap-Breton. Cette chute entraina 1a perte de l’ile Saint- Jean. Un des articles de la canitulation impliquait, la reddition de l’ile Saint—Jean. On aurait eu le temps d’évacuer 1e pays, si cela efit été possible, mais Miramichi, qui était 1e port le plus voisin, était sans vivres. Quelques—unes des habitants y alle- rent mais ils furent tous obligés de revenir plutot que d’étre ex- posés é, mourir de fai‘m. Grande fut donc la détesse des malheu-- reux habitants. Déjh deux ou trois fois chassés de leurs terres depuis quatre ou cinq ans, las des tribulations sans fin,. et sans espoir, ils penchérent vers la soumission a l’éternel ennemi, voulant a tout prix demeurer dans leur ile Saint—Jean. “Les habitants de Saint-Jean, écrit un de leurs curé, sont trés deter- minés a ne pas quitter leur ile, quoi que leur fassent les An- glais. Les prétres restent avec eux”.

Immédiatement aprés la chute de Louisbourg, l’amiral Boscawen avait détaché une partie de sa flotte, avec ordre d’in- cendier et de détruire tous les établissements frangai-s des iles Royale et Saint-Jean, et de toutes les cotes du golfe Saint- Laurent. Un des principaux officiers de cette expedition, Lord Rollo, fut chargé d’exécuter cette odieuse besogne dans l’ile Saint—Jean.

Les habitants de l’Ile Saint-Jean avaient entrevu, dés la chute de Louisbourg, l’affreux sort que leur était réser‘zé; mais ils s’obstinaient a n’y pas croire, ne pouvant se fair-e a l’idée qu’ils seraient de nouveau arrachés des terres qu’ils ve- naient de défricher et qui étaient a la veille de leur procurer l’aisance et le bonheur. Il leur semblait incroyable que leurs ennemies eussent 1e courage de renouveler les scenes de I’Acadie