RUSTICO PAROISSE ACADIENNE . 19

en 1755. Hélas! les malheureux n’allaient pas attendre long- temps avant de voir s’évanouir cette derniére espérance. '

Leurs champs couverts, a cette époque de l’été de belles moissons, allaient donc étre dévastés, les animaux tués on em- levés, les habitations livrées aux flammes. Une fouls d’Aca- diens de la Nouvelle-Ecosse, témoins et victimes de oe spectacle, trois ans auparavant, allaient 1e voir se renouveler sous leurs yeux. '

Les principaux colons de chaque paroisse se rassemble- rent et dressérent une requéte dans laquelle ils suppliaient le commandant anglais d’accepter leur soummission et de leur per- mettre de rester sur leurs terres. Lord Rollo leur répondit que les ordres de Sa Majesté Britannique devaient étre exécutés; mais, cependant, i1 permit a l’abbé Cassiet, curé de Saint-Louis du Nora-Est, 'et a l’abbé Biscarat, curé de Saint-Pierre du Nord, d’aller remettre cette requéte au commandant en chef a Louis- bourg; mais Amherst et Boscawen furent aussi implacable que Lawrence; il exigerent “l’évacuation totale des habitants”. Ils prétendirent en leurs rapports aux autorités de Londr-es que l’ile Saint-Jean n’avait cessé de ravitailler Louisbourg et Que- bec. (Boscawen parle de 10,000 tétes de bétail et de 1,200 bois- seaux de blé par an,) alors qu’a part 1e cheptel on vient de le voir, elle était dans le plus grand dénfiment. Ils ordonnérent clone la déportation intégrale de toute la population, l’enleveo ment de tout le_ bétail gros et petit, 1a destruction de toutes les maisons, granges et églises.

D’aprés 1e rapport approximatif et incomplet de l’amiral Boscawen, cette population s’élevait a 4,000 ames, et d’aprés l’estimation de l’évéque de Québec et du gouverneur francais, a “au moins 6000 habitants”. M. de Villejoin put sauver 700 victimes, qu’en juillet il emmena avec lui a la Rochelle. Ce fut 1e sept aofit que Lord Rollo avec un régiment et deux ba- taillons de soldats vint prendre possession de l’ile Saint-Jean et la nettoyer ~de cette “vermine” acadienne. Des centaines de malheureux furent donc, jusqu’au printemps de 1759, em- barqués de force. Le 29 octobre Lord Rollo rapportait qu’il y avait 1500 Acadiens embarqués sur les transport-s, et le 5 no- vembre, l’amiral Durell, écripvant 5, Lord Cleveland, dit: "Je wens de recevoir une lettre du capitaine Bond qu’on a envoyé au port Lajoie dans l’ile Saint-Jean avec seize transports pour enlever les habitants. 11 me dit qu’il en a embarqué 2000 qu’il

a distribués dans les transports mentionnés ci-dessus et leg 9. envoyés en France”.

M. le juge Warburton dans “A History of Prince Edward Island”, falt mention de neut vaisseaux sous 1e commandemént (les capitaines Nicholls, Henry, Beaton, Dobson, Sagget, Whitby,