22 RUSTICO — PAROISSE ACADIENNE Quelques extraits des registres tenus dans les differents ports de France ou les Acadiens de l'ile Saint- Jean furent de- portes donneront une idee plus juste des souffrances et des miseres que durent endurer ces malheureux proscrits que furent les premiers habitants de notre He. A Cherbourg: — " Jean - Baptiste Razicot de l'ile Saint- Jean, fils de Rene et de Marie Hache, 6tait charpentier et naviguait, age de 35 ans, travaille quelquefois de son metier, plumonique et tres infirme". " Charles Hache , de l'ile Saint- Jean, fils de Joseph qui 6tait capitaine de port au Port Lajoie, et de Marie Gaudet, labourait son champ et etait charpentier de navire, age de 43 ans, travail¬ le quelque fois de son metier, l'estomach derangS de la suite d'un naufrage et tres infirme; Marie Hubert, sa femme, fille de Charles et de D 'aigle, agee de 32 ans, d'une sante tres faible et tres infirme". " Anne Pottier de l'ile Saint- Jean fille de Jean et Marie Chiasson, veuve de Jean Chesnaye , agee de 53 ans, grabataire". " Cecile Chesnaye , sa fille seyette a des vapeurs epilepti- ques, tres infirme". Nous pourrions citer des centaines de cas semblables qui remplissent les registres civils des ports de France ou on de- barqua ces pauvres families acadiennes. Dans "Une Colonie Feodale", Rameau de Saint- Pere ecrit: "Nous pourrions r^tablir l'histoire de plusieurs families qui fu¬ rent emmenees de l'ile Saint- Jean a Louisbourg, transporters de Louisbourg en Angleterre, d'Angleterre en France , et de France en Guyane, en 1764; puis ramenees en France en 1765, elles furent mises en d6p6t a l'ile d'Aix, d'ou elles furent con- duites a Rochefort; apres un sejour de quelques annees a Ro- chefort, ces Acadiens furent envoyes dans le Limousin , chez M. de Saint- Victor; mais il y resterent peu et furent diriges, en 1772, sur Saint- Malo, ou vint les trouver M. de Peyrusse , gentilhomme poitevin, qui emmena avec lui sur ses terres plus de cent families acadiennes, lesquelles y demeurerent quelques annees, jusqu'au moment ou l'Espagne offrit des conditions tres avantageuses pour les transporter et 6tablir dans ia Louisiane, que Louis XV avait cedee a l'Espagne, et ou leurs families sont restees definitivement fixees. Toutes ces pere¬ grinations furent accomplies avec femmes et enfants et aprfes quelles traverses!" On concoit done comment il est difficile a travers de telles odyssees de r^pondre convenablement a la question posee a la tMe de ce chapitre. Mais quoiqu'il en soit de toutes ces donnees, ce qu'il y a de certain, e'est que peu de mois apres la prise de Louisbourg, des cinq belles paroisses du port Lajoie, de la Pointe-Prime, de St- Louis du Nord-Est, de