RUSTICO — PAROISSE ACADIENNE 25 pour l'emplacement de la nouvelle ville". Tous les Acadiens qui desiraient rester dans l'ile devaient preter le serment d'alle_- gance immediatement, ceux qui refuseraient devaient etre chas¬ sis du pays. C'est pour s'assurer du nombre des Acadiens qu'il en fit faire le recensement au mois de juillet (21 juillet 1768). Ge denombrement fait par l'arpenteur Alexander Morris donna les resultats suivants: 71 a Saint- Pierre, 25 a Rustico , 57 a Traeadie, 5 a la Baie de Fortune, 45 a Malpec , soit en tout 203, dont 123 infants; les malheureux possedent en tout cinq cha- loupes, deux goelettes et un sloop. On devine leurs moyens d'existence, par ce resume d'une lettre du gouverneur Patterson au secretaire d'Btat Hillsborough (24 octobre 1770). " Les Francais qui habitent l'ile sont au service de quelques sujets britanniques pour le compte desquels ils font la peche, recevant en retour, des vetements, du rhum, de la poudre et du plomb, ce qui leur permet de faire la chasse a l'ours, au phoque et au gibier, chasse qui les detourne de la culture du sol. Les Fran ¬ cais cette annee n'ont pas recolte un seul minot de grains". Des mai 1763, plusieurs officiers de la marine et d'autres agioteurs avaient demande des concessions dans File Saint- Jean; mais on leur avait repondu qu'elle etait trop importante au point de vue de la peche pour qu'on put leur en attribuer de vastes portions. En dScembre de cette meme annee, le premier lord de l'Amiraute, Lord Egmont reclama la concession de l'ile toute entiere, sous promesse de fournir 1200 hommes, grands ou petits propriStaires; nombre de petitionnaires s'associerent a cette demande. Apres un refus categorique des Lords of Trade, le conseil d' Halifax propose une autre combinaison: le capitaine Holland avait divise le territoire en 67 lots de 20,000 acres, les demandes de concessions affluerent en si grand nom¬ bre qu'au mois de mai 1767, on les adjuge au sort par lots a tou- tes sorte de speculateurs, de fonctionnaires, d'officiers de terre et de mer. Toute l'ile fut ainsi en quelques jours adjugee a des concessionnaires qui pour la plupart n'habiterent pas, mais sp£- culerent. Bientdt apres le gouvernement metropolitain, sur la demande des proprietaires, accepte que l'ile se constitue en pro¬ vince separee et ait pour gouverneur le capitaine Walter Pat ¬ terson. On octroye meme le gouvernement constitutionnel a cette colonie rudimentaire qui n'avait qu'une population de 300 ames. Pendant ce temps que devenaient les anciens possesseurs du sol dont on se partageait ainsi les depouilles sans leur en accor- der les moindres bribes? Apres leur retour de 1'exil, les quelques families qui r6us- sirent & se fixer dans l'ile, durent tout recommencer. Les bel¬ les terres que leurs peres avaient defrichees etaient passees aux