RUSTICO — PAROISSE ACADIENNE 37
me pour celui de Malpec. Les tracasseries et les persécutions ici, finirent par rendre cet endroit intenable pour les Acadiens, et la fondation des paroisses de Tignish, Cascumpec, Mont-Car- mel, Egmont Bay at Miscouche, de 1799 a 1817, en fut 1e résultat.
Pendant bien longtemps aprés la dispersion les Acadiens de l’ile furent victimes d’odieuses exploitations: on les laissajt s’établir sur une terre quelconque, ils défrichaient 1e sol, aba_t- tant les arbres, brfilant la brousse, labourant, semant; mais, lorsqu’ils allaient récolter le fruit de leurs rudes labeurs, sur- gissait un propriétaire anglo-saxon qui, armé de titres incon- nus, récla-mait la moisson ou un droit de fermage. Si l’Acadien cédait i1 se trouvait bientot asservi a la glebe; sinon, i1 était expulsé et souvent réduit a l’exil. De pareils abus ont duré pen- dant des générations. Des juin 1787, une douzaine de chefs de familles- acadiennes de la Baie de Fortune (Bourg, Michel, Le- Bla-nc, Daucet, Daigle, etc.,) se plaignent de n’avoir jamais ob- tenu les baux promis en échange des travaux qu’ils ont faits et menacent de quitter l’ile s’ils ne sont pourvus que de per- mis temporaires. 0n leur promet 1e 30 juin 1787, des baux a perpétuité. On a lieu de 'croire que cette promesse ne fut pas tenue, car en octobre, bon nombre de ces Acadiens émigrérent au Cap-Breton.
Aprés avoir parcouru l’histoire de toutes ces tracasseries et de toutes ces persecutions, qui ,oserait dire que ces obstacles et ces miseres n’ont pas été pour le plus grand bien des Aca- diens? Si les Anglais, leurs voisins, les avaient traités comme des freres et des amis, peut—étre se seraient fondus parmi l_a race anglo-saxonne et protestante, et nous ne serious pas au- jourd’hui dans l’ile Saint—Jean, 12,000 Acadiens frangais et ca- tholiques. Heureuses miseres! heureuses difficultés! heureuses épreuves de nos peres! sommes—nous parfois tentés de crier. Sans, vous, serions—nous aujourd’hui ce que nous sommes? Si au lieu de vous rencontrer sur leur chemin, nos peres avaient trouvé partout un accueil bienveillant et une fraternité idéale, comment se seraient-ils comportés? Mais, vous étiez 1a, placées en sentinelles par Dieu lui—méme. A votre con-tact, nos péres, foncierement catholiques et Acadiens-frangais, comprirent l’im- portance de se grouper. Ils regrettaient leurs champs, leurs fo- réts, leurs anciens villages et leurs clochers. Ils furent effrayés du danger que couraient leur foi, leur langue et leurs traditions auxquelles ils voulaient inébranlablement demeurer attaches. Bafoués, inquiétés et persécutés de mille manieres, ils compri- rent qu’ils ne pouvaient s’isoler davantage s’ils voulaient rester fidéles a leurs passé glorieux et a leur religion. ‘
Leur attachement aux traditions ancestrales, leur ardent amour pour la langue frangaise, leur fidélité inébranlable a la