23 RUSTICO —- PAROISSE ACADIENNE

foi catholique, développerent encore en eux l’admirable esprit de famille et de patriotisme qu’ils avaient si profondément a coeur. Ils n’avaient plus rien. Et bien, de nouveau, ils crée— J-aient tout. Ils se grouperaient d’abord, puis ils fonderaient .rles paroisses; ils demanderaient des prétres 2‘1 leur évéque et_ ils construiraient de nouvelles églises. Puisque leurs ancétres avaient conservé a la fois leur langue, leurs coutumes et leur religion par l’église, au milieu de mille difficultés, pourquoi n’en feraient—ils. pas autant eux-mémes? Pourquoi un tel moyen ne réussirait-il pas encore cette fois?

Jamais nous n’aurons assez de reconnaissance pour ces vaillants d-e la premiere heure! De leur résolution inébranlable devait, en effet, dépendre l’avenir réservé 2‘3. notre élément. Au- jourd’hui nous recueillons les fruits de leurs efforts, comme de- main nos enfants recueilleront, a leur tour, les bienfaits de no- tre iidélité au passé, et de notre intelligente preparation de l’a— venlr.

Nos ancétres fonderent donc les paroisses dont les noms ont été cités plus haut. Les débuts furent rudes et difficiles. Tous vivaient des pro-duits de la, péche et de la chasse et des minces récOltes de leurs quelques arpents de terre. Tout fai- sait défaut: semences, outils, chevaux, bétail. Néanmoins, nos peres affrontérent ces difficultés avec une résolution remar- quable. Rien, en effet, ne les .rebutait: 1a douleur des sépara— tions, les privations, les mauvais traitements, l’exil, ne les dé- couragerent jamais. Pleins de santé, déci-dés, coute que cofite, a se tailler de nouveau un domaine, confiants dans la Divine» Providence, ils travaillaient sto'l'quement sans se soucier du len- demain. Et pourquoi se seraient—ils tracassés? N’avaient-ils pas 1a ferme volonté de survivre et des bras robustes pour ga- gner leur vie et celle de leurs familles? L’on pouvait tout at— tendre de tels hommes. Aucune générosité, aucun dévouement, aucun sacrifice ne seraient jamais trop forts pour eux. Et, ils l’ont bien prouvé depuis, en maintes et maintes circonstances de notre vie acadienne.

A mesure que les années succédaient aux années l’avenir se montrait moins difficile et plus serein. Les autres nationa- lités aussi devenaient moins méfiantes et plus conciliantes, gra- ce a leur contact plus immédiat avec nos ancétres. Ceux—ci aug- mentaient en .nombre et leurs progres matériels s’affirmaient de plus en plus. 11 n’avai-ent pas encore de représentants parmi le clergé, dans les professions libérales, ou dans le commerce, mais cela viendrait avec le temps.

Aprés la cession des terres de l’ile citée plus haut, les colons resterent longtemps astreints 5, un régime de féoda‘lité. Leur situation ne se régularisa qu’apres la constitution du Dominion