2 S RUSTICO — PAROISSE ACADIBNNE foi catholique, developperent encore en eux l'admirable esprit de famille et de patriotisme qu'ils avaient si profondement a coeur. lis n'avaient plus rien. Et bien, de nouveau, ils cree- raient tout. Ils se grouperaient d'abord, puis ils fonderaient rles paroisses; ils demanderaient des pretres a leur eveque et ils construiraient de nouvelles eglises. Puisque leurs ancetres avaient conserve a la fois leur langue, leurs coutumes et leur religion par l'eglise, au milieu de mille difficultes, pourquoi n'en feraient-ils. pas autant eux-memes? Pourquoi un tel moyen ne reussirait-il pas encore cette fois? Jamais nous n'aurons assez de reconnaissance pour ces vaillants de la premiere heure! De leur resolution inebranlable devait, en effet, dependre l'avenir reserve a notre element. Au- jourd'hui nous recueillons les fruits de leurs efforts, comme de- main nos enfants recueilleront, a leur tour, les bienfaits de no¬ tre fidelite au passe, et de notre intelligente preparation de l'a¬ venir. Nos ancetres fonderent done les paroisses dont les noms ont ete cites plus haut. Les debuts furent rudes et difficiles. Tous vivaient des produits de la peche et de la chasse et des minces recoltes de leurs quelques arpents de terfe. Tout fai- sait defaut: semences, outils, chevaux, betail. Neanmoins, nos peres affronterent ces difficultes avec une resolution remar- quable. Rien, en effet, ne les rebutait: la douleur des separa¬ tions, les privations, les mauvais traitements, l'exil, ne les d|- couragerent jamais. Pleins de sante, decides, coute que coute, a se tailler de nouveau un domaine, confiants dans la Divine Providence, ils travaillaient sto'iquement sans se soucier du len- demain. Et pourquoi se seraient-ils tracasses? N 'avaient-ils pas la ferme volonte de survivre et des bras robustes pour ga- gner leur vie et celle de leurs families? L 'on pouvait tout at- tendre de tels hommes. Aucune generosite, aucun devouement, aucun sacrifice ne seraient jamais trop forts pour eux. Et, ils l'ont bien prouve depuis, en maintes et maintes circonstances de notre vie acadienne. A mesure que les annees succedaient aux annees l'avenir se montrait moins difficile et plus serein. Les autres nationa- lites aussi devenaient moins mefiantes et plus conciliantes, gra¬ ce a leur contact plus immediat avec nos ancetres. Ceux-ci aug- mentaient en nombre et leurs progres materiels s'affirmaient de plus en plus. II n'avaient pas encore de representants parmi le clerge, dans les professions liberales, ou dans le commerce, mais cela viendrait avec le temps. Apres la cession des terres de l'ile citee plus haut, les colons resterent longtemps astreints a un regime de feodalite\ Leur situation ne se regularisa qu'apres la constitution du Dominion