32 RUSTICO PAROISSE ACADIENNE

un essaim de prétres qui se consacrérent au service de ces gens délaissés pour les sauver d’une ruine imminente. Le clergé était en effet 1e seul lien qui pfit donner une cohésion féconde aux sentiments patriotiques. qui su-rvivaient, aprés tant de de- sastres, dans leurs groupes épars.

Ce fut la révolution francaise qui leur procura ce secours. La persécution violente qui éclata a cette époque forca un grand nombre de membres du clergé a quitter leur pays. Les premiers qui parurent en Acadie furent M. Le Jamtel, qui passa an Cap— _ Breton, M. Ciquard a Memramcook, M. Sigogne a la baie Sain- te—Marie; MM. les abbés de Calonne, Pichard et Champion a l’Ile Saint—Jean. Durant l’hiver de 1800, i1 y eut méme trois prétres frangais dans l’ile Saint-Jean: l’abbé de Calonne a Saint—Jean—Baptiste, (MalpeC); l’abbé Pichard, a Rustico; et l’abbé Champion, 5 la riviere de Fortune. Au printemps suivant M. Champion 3113. rejoindre M. LeJamtel au Cap—Breton.

Cette emigration des prétres frangais et leur installation dans cette contrée furent 1e complement du rétablissement des Acadiens, et ils devinrent le lien qui réunit entre eux les divers groupes, de maniére a assurer non pas seulement le service re- ligieux, mais la. Conservation de .leur nationalité.

Parmi les “émigrés” de la révolution de 1793, en Angleter- re, se trouva Charles—Alexandre De Calonne, contréleur des fi- nances de Louis XVI. Peu de temps aprés son arrivée en An- gleterre i1 demanda une concession de terres dans l’ile Saint- Jean. 0n lui concéda 500 acres a l’entrée du havre de Charlot- tetown, comprenant le site de l’ancien fort Lajoie et connu depuis sous le nom de “Warren Farm.”

Le 5 février 1799, l’abbé Jacques-Ladislas Joseph de Ca- lonne, frére du ministre, écriVit a Mgr l’évéque de Québec: “Ayant résolu,‘a_vec 1e consentement du gouvernement, d’aller résider dans l’ile Saint—Jean, qui forme une partie de votre dio- cese, je n’ai pas voulu partir avant de recevoir votre consente— ment. J ’ai cinquante-cinq ans. J e suis vicaire-général du dio- cese de Cambrai, position que j’ai remplie depuis vingt-cinq ans En allan-t a l’ile Saint-Jean avec douze autres prétres “émi— grés”, c’est mon intention que nous vivions en communauté, chantant 1a grande messe et les vépres les dimanches et les jours fériés et donnant des instructions a tous ceux qui vou- dront y assister.” L’évéque Denaut répondit immédiatement e‘ félicita l’abbé sur son entreprise et lui dit qu’il trouverait bien des occasions d’exercer son zele pOur la gloire de Dieu dans i’ile Saint-Jean.

Au lieu de douze prétres cependant, qui devaient accompa- gner l’abbé de Calonne, i1 n’en vint qu’un seul, l’abbé Amable Pichard, du diocese d’Orléans. Au mois de mai 1800, l’abbé de