36 RUSTICO PAROISSE ACADIENNE

de deux milles, par lequel on traverse l’ile dans sa partie 1; plus étroite.

“Les Acadiens que l’évéque avait surtout en vue dans sa visite de l’ile Saint-Jean, étant presque tous établis au nord de la. dite ile, le capitaine Dugast fut d’avis qu’au lieu de débar- quer a Bédec, i1 valait mieux faire le tour par la pointe du nord, et se rendre a Malpec avec la goélette méme. Peu favorisé de la marée, encore moins 'du vent, 1e capitaine Dugast désespéra de pouvoir gagner le cap nord, et le lendemain on fit vent ar- riére pour reg-agner 1a baie de Bédec, oil l’on aurait mieux fait de se rendre d’abord.

“Cette baie est grande et belle, environnée de plusieurs ter- res d’un site agréablement varié, et propres par leur degré (18 culture a donn-er une idée ava'ntageuse de la fertilité de l’ile.

“Les plus grands vaisseaux marchands peuvent havrer dans cette baie; i1 y en avait alors meme huit a dix. A peine étions— nous mouillés, qu’une chaloupe aborda la goélette; elle portajt M. Angus McEachern, missionnaire de l’isle, qui 11’avait requ que le soir précédent la lettre a lui adressée par l’évéque et s’é- tait aussitét, mais trop tard, mis en rout-e pour l’aller trouver a Géda'ique. Il fut accueilli comme un homme précieux dans la circonstance, lui seul pouvant étre bon guide dans des missions qu’il a desservies presque seul depuis vingt-deux ans, MM. de Calonne et Pichard n’ayant été que trois ou quatre ans dans cette ile, et occupés a la desserte des seuls Acadiens.

M. McEachern connait cette contrée aussi parfaiteinent que possible, au physique et au moral. Il n’y a pas une baie, un havre, une anse, une pointe, une battue, un écueil qu’il ne soit capable d’indiquer, pas une route par terre qui ne lui soit familiére, pas une famille catholique ou protestante, acadienne ou écossaise, dont il ne connaisse 1e fort et le faible; pas une propriété sur la valeur de laquelle i1 ne soit en été de se pronon- cer. Arrivé d’Ecosse en 1790 avec sa famille et une colonie de ses compatriotes, i1 commenga a exercer 1e saint ministére en leur faveur des qu’il se fut pourvu de l’autorisation d-e l’évéque diocésain.

“Depuis ce temps il a infatigablement travaillé au salut des ames. La présence de MM. de Calonne et Pichard ne fit que donner lieu a son zéle de s’exercer en faveur des Ecossais ca- tholiques du Cap-Breton et de la terre ferme de la Nouvelle- Ecosse dont i1 sera fait‘mention ci-aprés. Apres leur départ, qui eut lieu, pour l’un en 1803 et pour l’autre en 1804, i1 s’est renfermé dans l’isle, parce. qu’il ne lui était pas possible de s’é- tendre au-dela. Les Ecossais et les Acadiens s’applaudi'ssent également de sa vigilance et de sa ponctualité; sa conversation est celle d’un prétre vertueux, qui tout en remplissant avec