RUSTICO — PAROISSE ACADIENNE 37 scrupule les devoirs de son etat, n'oublie pas ce que la biensea ri¬ ce exige de lui, et sait se faire respecter de tous. II a fait la joie et l'edification de la mission de cette annee, pendant les six semaines qu'il l'a suivie. M. McEarchern conclu a bord de la goelette avec deux bons Acadiens qui l'y avaient accompagne, et informa l'eveque de rempressement avec lequel il etait attendu du colonel Camp- ton, seigneur de Malpec , et du desir qu'il avait de le loger chez lui avec toute sa suite. On se determina done a commencer pa. Malpec la visite des differents etablissements de l'isle. "Tout le monde sait que l'isle Saint- Jean est une des plus grandes du golfe: sa longueur est de 40 a 45 lieues; sa largeur de 8 a 12. Elle est environnee de havres, dont les plus estimes sont ceux des trois Rivieres ou au sud-est, et de Charlotte au centre. Le sol en est generalement fertile quoi- qu'un peu sablonneux, mais expose a une calamite facheuse, savoir aux ravages des souris qui, en certaines annees, se r£- pandent par millions dans les campagnes et devorent non-seu- lement les grains, mais encore les patates, les navets, et ce qu'elles peuvent atteindre d'autres legumes. On reconnait qu'il y aura des souris en grand nombre, lorsqu'il y a eu beaucoup de faines dans les bois, l'annee precedente, car elles s'entre- tiennent pendant l'hiver avec ce fruit et se multiplient, pour le malheur des habitants. Les faines viennent-elles a manquer, on en remercie le ciel, parce que les souris, privees de cette nourriture, meurent de faim l'hiver suivant et qu'il ne s'en echappe qu'un petit nombre. " Les arbres de cette isle ne sont remarquables ni par leur hauteur ni par leur grosseur. lis sont meme generalement in- ferieurs a ceux du Canada ; il y a peu de bois franc, presque point d'erable, encore moins de cedre, a la place duquel on fait usage d'epinette rouge, nomme violon dans le pays, comme de celui qui resiste plus longtemps a l'air et a la pluie; on se chauffe avec le hetre et le bouleau. Les clotures ou bouchures etant sans poteaux, sont faites en zig-zag, de perches gommeu- ses et mal ebranchees et sans barrieres, de sorte que pour pas¬ ser d'un champ a l'autre, il faut sans cesse les sauter, au risque d'y dechirer ses habits ou de les couvrir de gomme. Cet incon¬ venient, au reste, n'est pas particulier a l'isle Saint- Jean. C'est la pratique generale des etablissements du golfe. II semble qiu'on y ait proscrit l'usage des barrieres; a peine en trouve-t- on une de dix lieues en dix lieues. "Quoique les forets de l'isle Saint- Jean soient claires et en- trecoupees de beaucoup de routes, meme assez larges, que le gouvernement a eu soin d'y faire pratiquer, il s'y trouve nean- moins des ours; on en voit tous les ans et en plus grand nombre